La marque de jeans 1083 veut contribuer à la nouvelle ère de la mode durable

La marque de jeans écoresponsable 1083 a déjà tout mis en œuvre pour afficher sur ses vêtements l’éco-score textile qui vient d’entrer en vigueur ce 1er octobre 2025 et qui découle directement de la Loi Climat et Résilience de 2021.

Depuis ce 1^er octobre, les marques textile qui le souhaitent peuvent utiliser le dispositif  d’affichage environnemental renommé «Coût environnemental» pour les vêtements qu’elles vendent. Cette information chiffrée, indiquée en nombre de points, reflète l’impact écologique des articles avec des critères liés à l’ensemble du cycle de vie du vêtement, de la production des matières premières jusqu’à la fin de vie du produit en tant que déchet. Le décret final, relatif aux méthodes de calcul et de communication du coût environnemental des produits textiles, a été publié le 6 septembre 2025. «À titre d’exemple, un coût environnemental de 1000 points représente un fort impact pour une paire de chaussettes ou un body pour bébé, mais c’est un impact faible pour un jean ou un manteau qui contiennent beaucoup plus de matières», précise sur son site la Direction de l’information légale et administrative des services du Premier ministre. Seules les marques pourront volontairement calculer et soumettre leurs éco-scores sur le portail public. Et en 2026, le calcul et la publication de l’affichage environnemental pourront être réalisés par un tiers, à partir de paramètres par défaut, via le portail de déclaration Ecobalyse du gouvernement. Pour les marques qui ont mis l’éco-conception au cœur de leur modèle, c’est une très bonne nouvelle. «Enfin !», s’exclame Thomas Huriez, fondateur des jeans 1083. «Depuis 12 ans, nous agissons pour produire mieux. L’affichage environnemental nous permet de qualifier nos résultats et de les partager. C’est une fierté et une véritable responsabilité pour 1083 de contribuer à cette nouvelle ère de la mode durable».

Un lancement avec la pré-commande en ligne

Le dirigeant, informaticien à l’origine, a commencé son activité dans la mode à Romans-sur-Isère, ville de ses grands-parents, réputée pour son industrie textile. Il a transformé la maison de famille en concept store de mode éthique avant de lancer sa marque de jeans accompagné par son frère Grégoire. Le nom choisi, 1083 (kilomètres) est la distance qui sépare les deux villes les plus éloignées de l’Hexagone : Menton dans les Alpes-Maritimes et Porspoder dans le Finistère. «La proximité, c’est l’engagement. On est plus responsable quand tout se passe près de chez soi», estime Thomas Huriez. «Au départ, j’ai fait appel au financement participatif. Je pensais vendre 100 jeans et j’en ai écoulé un millier en deux mois». La jeune entreprise est parmi les premières à mettre en place un système de pré-commande sur son site. Hormis la culture du coton, tout est produit en France, du tissage à la couture passant par le design, la teinture, l’ennoblissement. En plus d’une ligne de jeans elle conçoit aussi des jupes pour femme, des vestes, combinaisons, salopettes, t-shirts, ceintures et chaussures, soit 250 références.

Un impact carbone deux fois plus faible qu’un jean classique

Aujourd’hui, les ventes s’effectuent sur Internet pour les deux tiers, via cinq boutiques en propre et un réseau de multimarques spécialisés dans le «made in France». «A la différence de marques de mode plus classiques, nous avons intérêt à montrer notre filière, c’est notre argument, notre passion, notre challenge. Un jean 1083 a un impact carbone deux fois plus faible qu’un jean classique». Pour y parvenir, l’entreprise suit ses filières de production, communique depuis 12 ans sur ses matières premières et sur toutes ses étapes de fabrication. Après avoir mis en place l’ERP Business Central de Microsoft avec des données hébergées en France, elle fait appel à Clear Fashion. La société à mission a participé à l’élaboration de cet étiquetage voulu par le gouvernement et elle accompagne les marques avec une méthodologie indépendante, alignée sur les standards réglementaires en matière de traçabilité, coût environnemental, impact carbone. Elle édite une plateforme SaaS qui permet de piloter ses progrès sur ses collections et fournit une application pour les consommateurs avec des critères faciles à identifier.

1083 se fait aussi aider par la société de conseil La Belle Empreinte pour sa mesure environnementale. L’impact environnemental des jeans 1083 serait ainsi de 12 kg d’équivalent CO2 et 450 litres d’eau, à comparer aux 32 kg d’équivalent CO2 et plus de 3 000 litres d’eau pour le jeans de fast fashion. Le fabricant participe aux travaux de l’ADEME, de l’UIT et de Refashion pour la mise en place d’une filière de recyclage des jeans. Il a ainsi contribué à bâtir les outils de mesure et de traçabilité qui deviennent la norme pour toutes les marques de mode, avec cette mise en œuvre de l’éco-score. En plus de figurer sur les collections de 1083, l’éco-score pourra être flashé directement dans les boutiques de la marque via un QR code.

Une stratégie de long terme

Pour garder une démarche cohérente, il a aussi opté pour des logiciels en open source, dont Magento pour son site e-commerce en s’appuyant sur les compétences de deux développeurs et choisi Enercoop, fournisseur d’électricité renouvelable, pour ses bureaux. Dans les boutiques, les matériaux recyclés sont à l’honneur. L’enjeu pour la marque est aujourd’hui de rétablir sa production après la fermeture de sous-traitants, en particulier de Tekyn, l’un de ses importants sous-traitants qui a été liquidé en 2023. Mais Thomas Huriez reste optimiste. Si l’entreprise de 70 personnes a du, pour la première fois de son histoire, « essuyer des pertes de 500 000 euros pour l’exercice 2022-2023» selon un article paru dans Les Echos Entrepreneurs, puis vécu une année 2024 difficile, elle commencé à se reconstituer des stocks grâce à ses deux ateliers détenus en propre dans la Drôme et les Vosges. Pour 2024-2025, le chiffre d’affaires devrait ainsi s’établir «autour de 7 millions à 8 millions d’euros».

Quand les consommateurs Français placent le prix comme premier critère d’achat et que des plateformes chinoises continuent de recruter de nouveaux clients, il est parfois difficile de faire entendre sa voix mais la marque vise le long terme. « Quand Pimkie s’allie à Shein, ce calcul n’a de sens que sur le court terme », estime Thomas Huriez qui a vu récemment le site chinois ouvrir un pop-up store éphémère juste à côté de l’une de ses boutiques rue de Turenne à Paris. « Cette proximité nous a valu un reportage sur TF1 », s’amuse le dirigeant.

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