Avec un modèle industriel agile, une infrastructure technologique solide et une stratégie de fidélisation éprouvée, Cocorico se positionne comme l’un des nouveaux acteurs majeurs de la mode made in France accessible. Retour sur une success-story portée par l’ingéniosité et la data.
À l’origine de Cocorico, une aventure familiale. Fondée fin 2016 par Arthur Charle, son frère et sa sœur, l’entreprise basée pour sa logistique et son stockage à Frayssinet-le-Gélat (Lot), est née d’une volonté partagée : «rendre accessible la mode Made in France», explique Arthur Charle, directeur général de la marque. Très vite, ils identifient un manque dans l’offre existante : des vêtements fabriqués dans l’Hexagone, de qualité, mais à des prix concurrentiels.
La vogue du fabriqué en France agit comme un déclic. En découvrant un secteur encore peu abordable en termes de prix pour les consommateurs moyens, la famille Charle imagine un modèle différent. Dès 2017, le succès du premier boxer 100 % français vendu à 9,90 € sur leur site cocorico.store confirme l’intuition. «Ce lancement a validé le fait que l’on pouvait être compétitif face aux géants du made in Bangladesh», souligne le cofondateur.
Une croissance autofinancée
Jusqu’en 2023, Cocorico a choisi de croître sur ses fonds propres et avec une campagne de crowdfunding, appuyée par le soutien de banques régionales et de ses partenaires industriels. La confiance acquise rapidement a permis de franchir des jalons importants. Une levée de fonds minoritaire souveraine de 3 millions d’euros en 2024 a renforcé sa solidité financière.
Aujourd’hui, Cocorico annonce plus de 15 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel, avec une croissance soutenue de 30 à 40 % par an. L’entreprise emploie plus de 50 personnes, dont une équipe tech dédiée de cinq collaborateurs chargés de piloter les outils numériques et d’optimiser les flux de données. Avec plus de 700 000 pièces écoulées en 2024, Cocorico revendique désormais sa place de premier fabricant de textile 100 % made in France. Portée par une expansion continue, l’entreprise vise à franchir le cap du million d’articles vendus d’ici 2025.
Un modèle industriel décentralisé
L’une des forces de Cocorico réside dans son modèle manufacturier. Plutôt que d’opter pour la fabrication intégrée, la marque a construit un réseau de 38 partenaires spécialisés, répartis sur tout le territoire français. Plus de 200 personnes travaillent ainsi au quotidien pour Cocorico dans des chaînes de production dédiées.
Ce modèle offre une grande réactivité. Grâce à un ERP couplé à la solution Shippingbo pour la gestion des stocks (OMS/WMS) et à des développements spécifiques, Cocorico synchronise en temps réel fabrication, stocks et prévisions de ventes. «Nous passons du dessin au produit en vente en deux mois, ce qui reste très rare dans notre secteur», observe Arthur Charle. L’analyse de la data, via des signaux faibles captés en ligne, permet d’ajuster en continu les productions, évitant ainsi invendus et surstocks. «En octobre 2023, lorsque les températures anormalement élevées ont retardé l’hiver, nous avons pu immédiatement réduire la fabrication de sweats et augmenter celle des t-shirts», illustre-t-il.
Anticiper la demande
Côté digital, Cocorico a choisi Shopify. «Notre site ne tombe pas, même sous des flux records», précise Arthur Charle. L’équipe a migré pour gagner en résilience tout en optimisant ses coûts d’exploitation. Le site Web est interfacé avec un OMS performant, un ERP belge, et utilise également des modules propriétaires pour la prévision des commandes, intégrant notamment des variables météorologiques pour mieux anticiper la demande. Chaque semaine, des tableaux de bord alimentés par le CMS et des développements internes permettent à l’équipe web de piloter la performance : taux de transformation global et par étape, coût d’acquisition, impact des promotions, rentabilité brute et nette par catégorie de produits.
Cocréation et l’ultra-personnalisation
Avec 600 000 clients opt in et un taux de réachat de 65 %, Cocorico s’appuie sur une base solide et engagée. La fidélisation repose sur le CRM Klaviyo, pour un pilotage précis de la relation client : segmentation fine, scoring « comportemental », et personnalisation des communications. La newsletter quotidienne atteint un taux d’ouverture de 49 % selon la PME. «Nous privilégions de vraies offres pertinentes, issues d’opportunités fournisseurs que nous répercutons immédiatement à nos clients», souligne Arthur Charle.
En parallèle, un club de 900 acheteurs ambassadeurs participe à la cocréation des nouveaux produits. À travers des questionnaires et des échanges mensuels en visio, Cocorico affine ainsi ses collections pour garantir l’adéquation entre attentes et propositions. La marque a su convaincre une clientèle élargie : 71 % de ses clients n’avaient jamais acheté de « fabriqué en France » auparavant. Un signe que l’accessibilité du prix, plus que le patriotisme économique seul, reste déterminante.
Une logistique écoresponsable
Depuis ses débuts, Cocorico collabore étroitement avec Colissimo pour ses expéditions. L’entreprise travaille sur l’optimisation du cubage, la promotion des emballages réutilisables et la diminution des retours. 90 % des colis sont aujourd’hui directement déposables en boîte aux lettres, limitant les émissions liées aux déplacements clients.
Se positionnant comme « des industriels avant d’être une marque de mode », Cocorico conçoit des produits simples et intemporels, co-construits avec ses partenaires. «Ce n’est pas une posture, c’est une stratégie économique gagnante : en étant proche de nos usines, nous économisons sur la logistique, sur les stocks et nous gagnons en réactivité», assure Arthur Charle.
Une ambition omnicanale
Consciente que près de 70 % du marché de l’habillement reste dominé par le physique, Cocorico prépare son déploiement en boutique. Après un premier test dans trois magasins Intersport, ses collections seront disponibles dans des points de vente multimarques et réseaux spécialisés dès septembre prochain. L’enjeu sera de garantir une expérience client homogène, en boutique comme en ligne, avec des prix équivalents sur le web et en magasin physique. Cocorico prévoit notamment d’appuyer ses partenaires avec un merchandising adapté et de connecter son CRM aux retours terrain pour enrichir son pilotage de l’offre.
Vers une extension du modèle
La prochaine étape pour Cocorico est claire : renforcer l’innovation produit — lin, laine, enfant — tout en minimisant les risques via des tests en séries limitées. Et la data continuera de jouer un rôle clé dans cette expansion. Cocorico investit dans des formations en IA pour affiner l’analyse prédictive de ses ventes et optimiser la logistique. «Plus on grossit, plus le traitement intelligent de la data devient stratégique», estime Arthur Charle.
Je souhaite lire les prochains articles des Clés du Digital, JE M’INSCRIS A LA NEWSLETTER
Laisser un commentaire