Les retailers britanniques cherchent à diversifier leurs approvisionnements et améliorer la vision des stocks pour répondre aux défis géopolitiques.
Et si la vie chère était une menace majeure pour le retail ? Baptisée sobrement «la crise du coût de la vie», ce serait aujourd’hui la principale responsable des difficultés des retailers… britanniques. «Pour 56% des professionnels du secteur (au Royaume-Uni), la crise du coût de la vie représente le principal défi auquel ils sont confrontés», constate une enquête réalisée par Fluent Commerce, éditeur de solution de gestion de commandes distribuées (OMS).
Réalisée auprès de plus d’une centaine de professionnels du retail lors du salon Retail Technology Show à Londres, l’enquête a révélé que les retailers sont aujourd’hui moins nombreux à attendre une croissance, et surtout plus nombreux à se dire préoccupés pour leur entreprise : près d’un tiers, contre 15% lors du même sondage en 2024.
Plus de la moitié des retailers britanniques estiment que le gouvernement de Sa Majesté «n’a pas mis en place suffisamment de mesures pour les soutenir». Leurs problèmes sont parfois spécifiques au contexte britannique, mettant notamment en cause une réforme des cotisations à l’assurance sociale. Pourtant leur appréhension générale n’est pas très éloignée des craintes éprouvés par les détaillants français, et dont les représentants bataillent notamment – sans trop de succès pour l’instant – contre l’afflux des e-marchands à bas prix chinois. Une autre conséquence néfaste de la «crise du coût de la vie».
Manque de visibilité sur les stocks
Parmi les problèmes soulevés par les détaillants britanniques, deux tiers (68%) se plaignent du manque de visibilité en temps réel sur les stocks. Les facteurs géopolitiques perturbant les chaines d’approvisionnement, arrivent en tête de liste des doléances. La menace sur les droits de douane aux États-Unis, ainsi que des perturbations autour du canal de Panama, sont les deux perturbations majeures citées. Ces dernières affectent jusqu’à 80% des retailers britanniques, selon l’étude.
Interrogés plus en détail, ils sont 30 % à évoquer des coûts plus élevés liés au réacheminement des commandes et 28 % se plaignent de la quantité de leurs stocks qui ne sont pas disponibles pour une vente en ligne. Ils sont aussi nombreux, 27 % à s’inquiéter de la hausse des prix.
Ces défis logistiques sont aussi «une opportunité de renforcer la résilience de la chaîne d’approvisionnement», annonce l’étude : 26 % des détaillants déclarent avoir lancé des projets dans ce sens et 20% parmi eux ont déjà réalisé des changements. Parmi les mesures prises, près de la moitié (43%) ont cherché à diversifier leurs approvisionnements. Ils sont tout aussi nombreux (43% également) à étudier l’offre des fournisseurs locaux. Un tiers (31%) envisagent le changement des itinéraires d’approvisionnement, en privilégiant des trajets plus sûrs au prix d’une augmentation des coût d’acheminement. Seuls 9% disent ne pas encore étudier des options alternatives, dans l’attente de voir si les grandes perturbations devenaient persistantes cette année.
Facteur aggravant les difficultés, les outils informatiques des retailers britanniques semblent ne pas suivre l’évolution rapide de la techno. Serait-ce pareil pour les retailers français ? Ils sont moins d’un tiers (28%) à disposer d’une visibilité en temps réel sur leurs stocks à travers la chaine logistique. Les deux tiers des retailers (68%) considèrent que cela leur pose un problème. Et la tendance n’est pas à l’amélioration puisqu’ils étaient 45% à déclarer avoir cette visibilité dans l’enquête réalisée en 2024. La part des bien informés a donc baissé entre temps.
Investir dans les nouvelles technologies est une priorité
Suivre le rythme des nouvelles technologies est un défi majeur pour 36% des retailers. Et pour un tiers d’entre eux, la mise en œuvre de l’IA va représenter un challenge. Les retailers britanniques sont aussi nombreux (32%) à rencontrer des difficultés pour «offrir une expérience omnicanale fluide».
Les deux difficultés sont notoirement liées. «Sans données en temps réel, il devient quasiment impossible d’offrir l’expérience fluide et réactive que les clients attendent aujourd’hui, estime Rob Shaw, directeur général EMEA chez Fluent Commerce. Au-delà de la technologie, c’est la garantie d’une meilleure prise de décision et d’une meilleure adaptation dans le contexte incertain que nous connaissons».
Sans surprise, l’investissement dans les nouvelles technologies est cité comme la priorité stratégique par près de deux tiers (62%) des retailers britanniques interrogés. Il est suivi par l’innovation produit (34%) et les initiatives durables (34%). Quant à l’expansion sur de nouveaux marchés, levier fort de croissance par le passé, elle n’arrive qu’à la quatrième place avec 29% des réponses. Le retail britannique assume son entrée dans la nouvelle ère numérique.
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