Placé sous le thème « Retail Together » la première édition de NRF Retail’s Big Show Europe vient de fermer ses portes. Elle a su réunir des participants aux profils variés issus de nombreux pays mais doit encore améliorer son organisation et sa fréquentation.
C’est l’heure du bilan. La première édition de NRF 2025 Retail’s Big Show Europe, nouvelle mouture du salon Paris Retail Week, née de l’alliance entre Comexposium avec la National Retail Federation qui s’est tenue du 16 au 18 septembre, a-t-elle tenu ses promesses ? Reprendre les mêmes recettes qui font le succès du «big show» new-yorkais à Paris était un pari risqué. Comme dans «la grosse pomme», des «Keynote sessions» ont fait monter sur scènes des dirigeants venus partager leur vision stratégique du futur du retail à l’instar de Simone Dominici, CEO de Kiko, de Hajir Hajji, CEO d’Action, de Guillaume Motte, président de Sephora ou encore Dennis Schröder, CEO de Snipes, pour n’en citer que quelques-uns. Des «Breakout sessions» ou sessions thématiques animées par des experts et des «Exhibitor Big Ideas» pour les prises de parole d’exposants, l’organisation Expo Tours et de Retail Store Tours la veille, ont également rythmé cette édition très anglophone. Et pour éviter la venue des «touristes» et plus particulièrement des étudiants, jugés trop nombreux lors des précédentes PRW, ces sessions et participations étaient payantes. Un changement de braquet qui a pu décourager nombre de visiteurs professionnels. Certains ont sans doute du aussi annuler leur venue à cause de la grève des transports le dernier jour.
Une soixantaine de pays représentés
Selon l’organisateur, le salon a accueilli 200 intervenants, 500 exposants, sur une surface d’exposition de 25 000 m² réparties du deux étages et 100 startups internationales. Quelques 12 500 participants venus de 58 pays, «avec une très forte présence de retailers», ont été annoncés. L’an dernier la 10ᵉ édition de Paris Retail Week avait attiré 18 000 participants, 380 exposants et 45 startups. «Nous sommes reconnaissants envers les sponsors, les exposants et les participants qui ont fait de cette première édition de NRF Retail’s Big Show Europe un véritable succès. La mission de NRF est de rassembler les leaders du secteur, et en partenariat avec Comexposium, nous avons su déployer Retail’s Big Show en Asie-Pacifique et désormais en Europe», a déclaré Matthew Shay, Président et CEO de la NRF. « (…) Retail’s Big Show Europe a offert une occasion exceptionnelle de s’inspirer, de partager des visions et d’apprendre les uns des autres.»
Des thématiques pertinentes
Du côté des participants et plus particulièrement des exposants les avis sont parfois plus mesurés, même si tous semblent apprécier cette nouvelle dimension internationale donnée à l’événement. «J’ai été agréablement surpris par le nombre d’étrangers sur le salon. Des contacts intéressants sur notre stand avec retailers italiens, anglais et canadiens», rapporte un éditeur qui souhaite rester anonyme. Cette édition «a été globalement intéressante» pour un autre qui n’a pas souhaité non plus être cité. Parmi les points positifs, les conférences «particulièrement intéressantes et attractives, avec des thématiques pertinentes et un vrai dynamisme sur le «main stage»» sont mentionnées. «Cela reste une édition intéressante, avec des échanges de qualité et une belle dynamique sur les temps forts. Nous avons échangé avec de nombreux contacts internationaux, notamment des Pays-Bas, Allemagne, UK, Italie et Espagne. Les profils étaient assez variés, comprenant à la fois des professionnels des réseaux retail et des e-commerçants, couvrant ainsi un large éventail de secteurs d’activité», remarque un porte-parole de l’entreprise. « Des visiteurs plus quali, moins nombreux et plus d’internationaux. On sent qu’il y a beaucoup moins de budget chez les retailers français et de temps pour l’ouverture », estime Irwan Djoehana, fondateur de Retail Shake.
Des décideurs issus de secteurs d’activité variés
Un avis que partage Dani Soubra, directeur des ventes et du marketing de Maxxing. «J’ai trouvé cette édition intéressante, notamment grâce à la diversité des visiteurs. Contrairement à d’autres salons où l’on retrouve souvent les mêmes contacts, nous avons pu rencontrer de nouvelles personnes et toucher une clientèle différente, ce qui a apporté une vraie richesse», estime-t-il, tout en précisant qu’il a échangé avec des interlocuteurs venant de pays très variés comme la Turquie, l’Ukraine, la Suède ou encore la Serbie, «ce qui n’est pas habituel dans ce type de salon. Les profils étaient d’ailleurs qualitatifs, avec beaucoup de décideurs issus de secteurs d’activité variés. Cela dit, pour une première édition européenne du NRF, je m’attendais tout de même à un volume de visiteurs un peu plus important», nuance le responsable. «Nous sentons un changement de dynamique sur le NRF si l’on compare à Paris Retail week. Une fréquentation plus ciblée et qualitative. Je trouve que le village start-up est une belle réussite tant en termes de nombre et de qualité des startups présentes, avec une forte expertise dans leurs domaines respectifs. La localisation du stand nous a permis avec les animations d’avoir du passage et des visites», résume Jérôme Laurent, CEO de PricingHUB qui a rencontré de «bons profils de dirigeants et de décisionnaires» venus de différents pays. «La bonne dynamique sur la Retail Tech, les présentations de collaborations et les pitchs ont apporté du rythme et de l’énergie», commente pour sa part Émilie Brossier, cofondatrice de Ekoo. »Le village start-ups était bien animé par le concours de pitch. Mais c’est une formule qui commence à connaître ses limites », estime pour sa part le fondateur d’une jeune pousse. Yves Curtat, pdg de Retail Reload, plutôt déçu lors de la première journée du salon, note au final «une bonne fréquentation plus internationale avec des prospects dans la mode et venus des pays nordiques, de l’Espagne, de l’Italie et même du Moyen Orient.» Pour Cegid, il y a eu aussi «plus d’exposants et de marques de renom européennes et internationales».
Une fréquentation jugée trop faible
Mais des critiques sont aussi nombreuses. La fréquentation notamment n’était pas au rendez-vous pour beaucoup. «Le public était plus professionnel, avec une présence internationale par rapport à Paris Retail Week mais il manque encore de profils internationaux pour cette première édition. Le trafic a été en deçà des promesses, les blocages du 18/09 qui ont limité la circulation dans les allées n’ont pas aidé. Il y avait peu de visiteurs dans les allées des deux halls. C’est un constat partagé par plusieurs exposants», ajoute une porte-parole de Cegid, précisant que la plupart des contacts étaient attendus et qu’il s’agissait de clients et de prospects connus. «L’organisation était correcte mais j’attendais beaucoup plus de visiteurs», indique également Mirko Conca, POS product manager chez Advantech Aures.
«C’est un salon plus international que les PRW mais il n’y avait pas beaucoup de monde, même si le ROI parait suffisant pour les startups (qui bénéficient d’un prix réduit pour leur stand, ndlr)», affirme Tanguy Frécon, cofondateur et CEO de Prolong qui a rencontré une quinzaine de sociétés. «Si l’on oublie le jeudi, j’ai trouvé que la fréquentation n’était pas au rendez-vous surtout d’un point de vue retailer et encore plus du côté des C-level. Pour quelle raison ? Je ne saurais le dire car il y a tellement de signaux possibles qu’en citer un plus que l’autre relèverait de la spéculation, mais une chose est sûre les salons, c’est un peu comme les soldes, on en attend encore beaucoup et pourtant chaque année est moins bonne que l’année précédente… », ironise Jean-Bernard Della Chiesa, co-fondateur de Nostress. «En toute transparence, c’est certainement le salon le plus décevant que je n’ai jamais fait et pourtant j’en ai quelques uns au compteur», fait remarquer le responsable commercial d’un éditeur international. «On a vu nos clients mais quasiment pas de prospects», ajoute-il.
Plusieurs axes d’améliorations sont également réclamés. «Pour les retailers qui ont du payer leur badges all-access, il pourrait y avoir plus de services… avoir plus de salons d’accueil pour travailler ou faire des meetings. Plus d’espaces de réception-restauration, de l’expérienciel, de l’innovation… Il y a des choses à améliorer aussi pour les exposants qui n’avaient pas moins de cinq plateformes différentes digitales à compléter pour assurer la visibilité de leur société», fait remarquer un éditeur. «La gestion des badges pourrait être optimisée afin de renforcer la qualification des visiteurs», fait savoir un autre exposant indiquant «une fréquentation en deçà de nos attentes et un ressenti de trafic inégal entre les deux halls qui s’explique probablement par la concentration des zones startups, innovation et du « main stage » dans un seul hall.» Pour cette première édition NRF, les animations n’ont pas toujours été au rendez vous pour favoriser les rencontres et des échanges spontanés. «Des animations standard… pas subjugué», déclare sobrement Tanguy Frécon. «L’animation n’a pas été suffisamment mise en avant. Nous nous attendions à davantage de trafic et d’interactions pendant le salon, avec plus de visites guidées. Les interventions ou encore les keynotes et conférences auraient pu être mieux valorisées», estime Dani Soubra.
Une organisation à revoir
«La fréquentation du salon a été visiblement très faible comparé aux éditions précédentes de Paris Retail Week ou de Tech For Retail 2024. J’ai souvenir des quatre années précédentes où nous devions jongler entre plusieurs retailers, les grouper entre eux ou les faire patienter pour pouvoir leur démontrer notre plateforme», souligne pour sa part Bruno Menteaux, président d’Adeiz qui fait état d’un nombre de visiteurs qualifiés divisé par deux sur son stand par rapport aux années précédentes. «L’organisation sur deux halls sur deux niveaux n’est pas bonne, la politique de l’organisation pour les entrées est à revoir, les pass visiteurs non retailer payants sont très chers… Au final néanmoins, le résultat est un peu meilleur que je ne pensais, avec une vingtaine d’enseignes avec qui nous avons de bons contacts. Un résultat dû à la notoriété grandissante d’Adeiz et à nos projets réussis avec nos clients», précise le dirigeant qui repart avec de belles perspectives mais estime que cette édition «n’est pas une réussite, et reste à améliorer voire à adapter au contexte français pour attirer les retailers français, les retailers européens et les groupes internationaux.»
Une place importante accordée à l’IA
L’événement a aussi permis de faire des annonces (comme celle de Brevo qui a racheté Cohort pour renforcer son offre CRM) et surtout échanger autour des dernières tendances en matière d’intelligence artificielle, de données, d’omnicanal, de durabilité, de chaîne d’approvisionnement et de paiements. «Nous avons assisté à plusieurs ateliers et constaté que beaucoup d’efforts ont été consacrés au partage d’expériences de retailers, avec une place importante accordée à l’IA. Les innovations présentées au niveau des « innovators Showcase ont dévoilé pas mal de choses intéressantes autour de l’expérience client et de l’analyse comportementale, désormais possibles avec l’IA, du « frictionless checkout », de la data analytics avec l’IA pour les performances dans le retail, l’optimisation dynamique des prix», explique Tahiana Tissot, directrice du marketing de Cegid. «Les retailers bougent et l’IA s’introduit dans tous les métiers parfois à l’insu des DSI, via des applications prises en direct comme Chatgpt. L’avenir se joue dans l’entreprise dans les utilisations « shadows » des collaborateurs et dans des solutions comme les nôtres qui transformons les métiers mais dans l’ombre», assure Jean Bernard Della Chiesa. «NRF Retail’s Big Show Europe représente une étape clé dans la création d’une plateforme européenne dédiée à l’innovation retail. (…) Il offre une base solide sur laquelle nous allons construire dans les années à venir», a déclaré Arnaud Gallet, directeur général de l’événement. Un avenir encore à construire donc pour ce nouveau rendez-vous, qui a déjà lancé les préparatifs pour sa prochaine édition qui se tiendra du 15 au 17 septembre 2026. « Le combo attractivité de Paris plus la marque NRF peut vraiment cartonner et devenir puissant dans les éditions à venir. Avec cette première, on essuie un peu les plâtres », résume le fondateur d’une start-up.
article mis a jour le 25/09 avec quelques retours supplémentaires
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