One to One B Better expose les solutions pour concilier durabilité et business

Temps de lecture : 5 minutes

acteurs du business durable @clesdudigitalPendant la journée One to One B Better et alors que les sénateurs débattaient au même moment de la proposition de loi « anti-fast fashion », des acteurs du business durable ont partagé leurs retours d’expérience avec la volonté de faire bouger les lignes.

 

One to One B Better vient de clôturer sa seconde édition avec toujours cette volonté d’aborder les sujets de la RSE, avec «pragmatisme et ambition » et en misant sur la proximité comme l’a souligné Sonia Mamin, directrice de One to One B.Better. L’événement qui s’est déroulé au Pavillon Gabriel, au cœur des jardins des Champs-Élysées, a réuni une communauté de professionnels et 23 fournisseurs de solutions. Hasard du calendrier, cette journée s’est déroulée alors que les sénateurs débattaient de la proposition de loi «anti-fast fashion» avant un vote final dans une semaine.

Les prix passent avant les critères environnementaux

Poussées par les contraintes réglementaires, les entreprises doivent avancer dans la réduction de leur empreinte carbone. La quinzaine de startups, dont les représentants sont montés sur scène pour pitcher devant un public attentif, ont montré que les solutions existent. Entre Peftrust qui fournit des outils pour les analyses de cycles de vie des produits (ACV), Nopli qui aide les enseignes comme Jules à organiser la vente de seconde main façon «Leboncoin» en CtoC, ou encore Mobius Pack qui propose des solutions d’emballages réemployés – pour n’en citer que quelques unes – les entreprises ont le choix. Encore faut-il se donner les moyens de ses ambitions et investir pour espérer un ROI qui se fait parfois attendre. Quand Julien Sylvain fonde l’entreprise de matelas Tediber, il est ainsi porté par le désir de «transformer durablement cette industrie», en privilégiant une fabrication locale, en Auvergne et en Belgique, avec des matériaux recyclables ou déjà recyclés. Mais ces arguments qui lui sont chers n’en sont pas pour les clients qui sont d’abord sensibles aux prix. «Ces critères RSE apparaissent à la huitième place. Ce ne sont pas des critères de différenciation», avoue le dirigeant. Inutile de les mettre en avant dans son offre. «Nous avons abandonné cet objectif laborieux. Ce n’est pas un argument de vente. Nous continuons à éduquer. Nous avons toujours énormément de choses à dire en tant qu’entreprise à mission et notre objectif est de réduire de 30% notre empreinte carbone entre 2025 – 2030», précise Julien Sylvain qui s’est exprimé en conférence d’ouverture aux côtés de Gregory Sion, CEO de Pierre & Vacances Europe et de l’entrepreneur Frédéric Mazzella (Blablacar et Dift).

Désormais face à des concurrents très offensifs sur les prix et qui fabriquent en Chine, Tediber mise sur d’autres arguments comme la durée de vie des produits et la possibilité de les réparer. «Souvent c’est juste la première couche d’accueil qui est abimée. Nous avons lancé un premier matelas réparable. C’est un enjeu très important pour notre éco-organisme mais innover coûte cher. Il faut réinventer des processus industriels et nous aimerions bien le faire avec des partenaires, avec des concurrents pour faire aussi de la pédagogie auprès du client.» Pas facile pour les industriels de réduire ses impacts carbone, de maintenir une trajectoire face à des clients qui ne sont pas toujours prêts à payer plus chers.

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Julien Sylvain

Éduquer et embarquer toutes les parties prenantes

Sur son marché des locations touristiques Pierre & Vacances peut compter pour sa part sur son modèle de « tourisme local bas carbone », en associant les clients à sa démarche. «On leur montre que l’on peut avoir des vacances locales qui sont joyeuses, avec de l’éducatif et des choses très ludiques pour les enfants, une sensibilisation à la biodiversité», explique Gregory Sion. Les objectifs de la plateforme de distribution et de services dédiée à la location de vacances sont ambitieux : réduire de 51% son empreinte carbone d’ici 2030. Ces trajectoires passent par des démarches internes et par aussi l’éducation, la prise de conscience des consommateurs. Kiabi qui animait un atelier aux côtés de son partenaire Colissimo, l’a rappelé également : l’enjeu est collectif et il s’agit d’embarquer toutes les parties prenantes. L’enseigne de textile mène des tests en magasin sur des emballages réutilisables. Elle annonce avoir déjà réduit l’aérien qui ne pèse plus que 2% de ses modes de transport et 65% des ses magasins français sont livrés en mode décarboné. Colissimo  l’accompagne dans sa démarche. Quelques 60% des Français s’inquièteraient de l’impact environnemental du e-commerce selon une étude de la filiale du Groupe La Poste, menée par OpinionWay en 2024. Mais paradoxalement, pendant ce temps, le poids des marketplaces asiatiques n’a cessé de croitre. En 2024, 22 % des colis traités par La Poste provenaient de commandes liées à Shein, Temu et AliExpress. Le chemin vers la durabilité reste semé d’embuches.

 

La «mode ultra express» débattue au Sénat

Pendant l’événement One to One B.Better, les interventions se sont succédé au Sénat, ces 2 et 3 juin. Légiférer sur la fast-fashion est complexe. L’accent a d’ailleurs été mis sur la «mode ultra express» pour définir cette mode à laquelle il faut d’attaquer, sans trop pénaliser justement les autres enseignes qualifiées de « fast- fashion » depuis plusieurs années. L’objectif est de cibler « cette concurrence déloyale prise par ces géants d’ultra modes express que sont les géants chinois », comme l’a déclaré la rapporteure du texte Sylvie Valente Le Hir. « Nous souhaitons vraiment préserver ces enseignes qui nous restent en France, des enseignes comme Kiabi qui sont accessibles pour l’ensemble des Français.  Nous avons eu la perte de Camaïeu notamment et c’est tout à fait regrettable en termes d’emploi, de surfaces commerciales qui sont aujourd’hui vides ».

Lors des débats, l’article sur l’interdiction générale de la publicité sur les médias classiques, qui avait été retiré lors de l’examen en commission au Sénat, a été rétabli malgré des risques d’inconstitutionnalité et la directive e-commerce, qui encadre la publicité en ligne dans l’Union européenne. Le système de bonus-malus a évolué. Alors qu’initialement le texte liait ces pénalités à «l’affichage environnemental» des produits, le Sénat préfère des critères liés à la «durabilité» et aux «pratiques industrielles et commerciales» des producteurs. Le montant des pénalités prévoit un malus minimum de 5 euros par produit en 2025 et d’au moins 10 euros en 2030, dans la limite de 50 % du prix hors taxe du produit. Enfin, les sénateurs ont adopté deux amendements visant à obliger les plateformes à informer sur l’impact environnemental du mode de livraison choisi et instaurant une taxe de 2 à 4 euros sur les colis de moins de 2 kg expédiés en France par «les places de marché, portails et dispositifs similaires établis hors de l’Union européenne». Un autre amendement supprime «la possibilité pour les personnes physiques ou morales rentrant dans le champ de la pratique de la mode éphémère, de bénéficier d’un abattement d’impôt de 60 % applicable actuellement aux dons de leurs invendus aux associations». Le vote solennel au Sénat est prévu 10 juin.

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