Alors que le ciel semble s’assombrir pour Shein, le fournisseur d’ultra fast-fashion vient d’inaugurer un nouvel entrepôt géant et automatisé en Pologne.
Au moment où un accord a été trouvé au Conseil de l’union européenne pour prélever dès le 1ᵉʳ juillet 2026 des droits de douane de 3 euros par article de marchandise contenus dans des colis de moins de 150 euros en provenance de pays extra-européens, Shein inaugure son nouvel entrepôt géant à Wrocław, en Pologne. Ce centre couvrira 740 000 m2 à pleine capacité et doit permettre de livrer plus de 100 millions de clients en Europe selon l’entreprise. Un pôle «ultramoderne qui soutiendra au moins 5 000 emplois en Basse-Silésie, faisant de Shein l’un des plus grands créateurs d’emplois de la région», a affirmé Leonard Lin, président de Shein EMEA.
Shein a inauguré ses premières installations logistiques en Pologne en 2022 pour gérer notamment ses retours. Mais ce nouveau hub qui propose des systèmes robotisés de picking et des lignes de tri automatisées est présenté par Shein comme «l’un des entrepôts de commerce électronique européens les plus technologiquement avancés (…) et il soutiendra les marques et vendeurs polonais et européens sur Shein en leur permettant de bénéficier de services logistiques et de fulfillment de haute qualité et des tarifs les plus compétitifs du secteur.»
Peu de fréquentation au BHV Marais
L’entreprise, qui a bâti son succès grâce à une organisation hyper centralisée, avec une production majoritairement basée en Chine et des expéditions directes vers les clients européens sous format de petits colis, prend un tournant. L’ouverture de boutiques physiques au sein des BHV à Paris et en région à Dijon, Reims, Grenoble, Angers et Limoges – aujourd’hui retardées – vont l’obliger à disposer de stocks tampons en Europe avec de nouvelles infrastructures logistiques. Elle cherche aussi des moyens pour échapper à ces nouvelles taxes sur les petits colis. En plus de la taxe européenne, une autre est en effet actuellement en discussion dans le cadre du projet de loi de finances (PLF) 2026. Son montant a été fixé à deux euros par le gouvernement, puis rehaussée à 5 euros par les sénateurs. Ce qui a, par ailleurs, fait réagir la Fevad. Si elle soutient l’instauration d’une contribution européenne harmonisée, la fédération craint que pour contourner cette nouvelle taxe uniquement française, les plateformes extra-européennes, comme Shein ou Temu, fassent transiter leurs petits colis destinés au marché français, par des pays voisins où elles disposent déjà d’infrastructures logistiques, notamment la Belgique « ce qui priverait la France de plus de 500 millions d’euros de recettes fiscales, pourtant indispensables pour financer le contrôle de ces flux de marchandises. »
Quels que soient les montant retenus et les dates d’application, les ennuis s’accumulent pour le pure-player de l’ultra fast fashion. Les clients venus nombreux le premier jour de l’arrivée de Shein au BHV, semblent avoir déserté le magasin parisien. Le 15 décembre dernier, notre équipe a parcouru des allées quasi-désertes, des rayons vides ou occupés par des sous-marques de Shein (Motf, Musera, Anewsta…). Les consommateurs semblent décontenancés par des prix qui ne sont pas aussi bas qu’en ligne – ou par des références qui ne sont pas assez nombreuses – comme l’estime d’ailleurs le dirigeant du BHV qui a annoncé agrandir prochainement l’offre Shein avec de la mode homme, enfant et une collection grandes tailles.
L’ouverture à Paris s’est, par ailleurs, déroulée en plein scandale après la vente en ligne sur la plateforme de Shein de poupées sexuelles ressemblant à des fillettes, ainsi que des armes de catégorie A.
Des ventes en ligne qui décrochent
Shein reste sous le coup de procédures judiciaires. Le Gouvernement a demandé le blocage temporaire de la plateforme, par voie d’assignation devant le Tribunal judiciaire de Paris, «afin de faire cesser les graves dommages à l’ordre public causés par les défaillances répétées de la plateforme». Une demande de blocage du site pour une durée de 3 mois, ou a minima le maintien de la suspension de sa marketplace a été réclamé. La Commission européenne a également adressé une série de demandes détaillées au groupe. La justice française rendra sa décision ce 19 décembre. Mais lors de l’audience du 26 novembre, le parquet de Paris avait déjà fait savoir qu’il ne s’associerait pas à la demande de blocage du site Shein.
En attendant, les ventes décrochent selon les observations de l’application de shopping Joko, relayées par LSA. Selon ce rapport, ses ventes ont baissé de 45% entre octobre et novembre. Des chiffres qui indiqueraient également la place importante jouée par la marketplace dans les revenus du groupe.
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