A la huitième édition de VivaTech l’IA se propage partout, imprégnant tous les discours, même celui des startups de la greentech de plus en plus nombreuses.
Le salon VivaTech qui rivalise avec le CES de Las Vegas a accueilli plus de 165 000 visiteurs, soit près de 10% de plus qu’en 2023. «Nous avons vu 160 personnes du groupe L’Oréal et croisé 500 personnes sur notre stand», rapporte ainsi Matthieu Danielou, co-fondateur de Trajaan, qui exposait sur le stand de LVMH. Mickaël Braconnier, CEO et co-fondateur de Dealt, soutenu par le groupe La Poste, a collectionné «les contacts intéressants». Chez Notify AI, récompensé lors du Pitch Contest organisé par La Retail Tech et Business France aux côtés de Autone et de Verteego, le premier jour du salon a surpris pas son affluence. Il faut dire que ce sont environ 13 500 startups venues du monde entier qui ont exposé leurs solutions et plus de 120 pays ont été représentés, avec une quarantaine de pavillons nationaux dont ceux du Canada, de Taïwan, du Brésil, du Royaume-Uni ou encore de l’Allemagne. Le Japon a dévoilé son écosystème technologique avec la présence d’une délégation ministérielle et de plus de 40 startups tandis que l’Afrique était de nouveau présente avec une zone dédiée aux talents et jeunes pousses du territoire, l’Africa Tech Lab.
L’IA en vedette
Sans surprise, l’IA a infusé sur tous les stands et dans les conférences, s’invitant même la veille du salon. Alors que Mistral AI, la start-up cofondée par Arthur Mensch figurait par les plus attendues de l’événement, Hcompany.ai a annoncé en avant première le lancement de H, une nouvelle jeune pousse française d’intelligence artificielle. Réunissant 25 ingénieurs et chercheurs, elle a levé 220 millions de dollars (soit 202,7 millions d’euros) auprès de Accel, UiPath Inc, Bpifrance, via son fonds Large Venture, Eric Schmidt, Xavier Niel, FirstMark, Elaia Partners, Eurazeo, Yuri Milner et Amazon. Parmi les autres participants au tour de table figurent Aglaé Ventures de Bernard Arnault, Creandum, Motier Ventures, Samsung, et Visionaries Club notamment. Mais cette annonce n’a pas empêché toutes les grandes firmes américaines de dévoiler leurs nouvelles familles de modèles d’IA à l’instar de Chamaleon, la nouvelle intelligence artificielle multimodale de Meta.
LVMH pionnier dans utilisation de GenAI
L’IA Générative s’était aussi incrustée dans de nombreuses et nouvelles applications. Sephora a notamment présenté son Sephora Look Analysis, un outil d’analyse de la peau alimenté par la GenAI qui prend en compte les caractéristiques du client pour lui fournir des looks de maquillage personnalisés et des recommandations de produits. Loro Piana, autre marque du groupe LVMH a dévoilé Loro Piana Silhouette, une expérience interactive qui exploite la GenAI pour créer une représentation numérique du corps et suggérer des vêtements, ainsi que son passeport numérique des produits alimenté par le consortium Aura Blockchain qui authentifie et trace les matériaux. LVMH «qui n’est pas, et ne veut pas être, une entreprise technologique», comme l’a rappelé Franck Le Moal, CIO du groupe de luxe, continue de s’appuyer sur un vaste écosystème de partenaires, éditeurs internationaux et jeunes pousses. Il a par ailleurs profité de l’événement pour annoncer le renouvellement de son partenariat avec AlibabaGroup.com dans le but «de renforcer la présence commerciale et technologique du groupe en Chine grâce aux solutions Cloud, Data, AI et GenAI» du géant chinois.
Amplifier la création de contenu
L’Oréal qui poursuit ses recherches dans la «beauty tech», accélère également avec l’IA générative avec son laboratoire de contenu Gen AI baptisé CREAITECH permettant «d’amplifier la création de contenu en interne pour ses 37 marques de beauté, et en parallèle, de former ses équipes marketing aux dernières technologies créatives». Le groupe a annoncé également un partenariat avec Meta et des créateurs de contenu. Le groupe La Poste n’est pas en reste avec son programme La Poste GPT lancé il y a un an sur ce même salon. «La Poste GPT est une plateforme modulaire, hybride, Cloud et on premise sur nos datacenters, pour les postiers, réalisée par les équipes internes, testée par 350 personnes aujourd’hui et par plus de 10 000 d’ici la fin de l’année», a détaillé Matthieu Olivier, directeur de la transformation et de l’IA au sein du groupe. Sept modules pour des offres génériques et spécifiques métier, d’agents conversationnels, de chatboats RH, de coach agiles ou d’assistants pour les centres d’appel ont pour l’instant été développés.
La « greentech » attire toujours plus d’investisseurs
Il a été aussi question de tech responsable. La France compterait près de 2 750 entreprises spécialisées dans ce secteur de la «greentech». Il figure parmi ceux qui ont attiré le plus grand nombre d’investisseurs en 2023. Trente jeunes pousses ont d’ailleurs été sélectionnées pour participer au programme Greentech Innovation comme l’a annoncé Christophe Béchu, le ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires. Parmi celles-ci : Refact qui prend des vêtements usagés, sans nécessiter de tri spécifique et les transforme en fibres de viscose, permettant de produire de nouveaux vêtements. En plus de l’Impact Bridge, une allée entière dédiée aux initiatives et aux innovations à impact positif sponsorisé par EDF, de nombreuses autres solutions étaient éparpillées sur les stands. Le Collectif We Are Normandy piloté par Normandie Web Xperts avait ainsi embarqué 18 startups dont plusieurs se revendiquant de ce secteur. Parmi elles, Greenoco, éditeur d’une plateforme Saas BtoB dédiée à la réduction de l’empreinte carbone des sites web et à la mise en conformité Rgesn (Référentiel général d’éco conception de service numérique). Dans un autre registre, Enhancy affichait son objectif de rendre «la seconde main en ligne rentable et vendable comme du neuf pour les distributeurs». La jeune pousse propose un studio photo avancé couplé à des intelligences artificielles pour accélérer les opérations de digitalisation et réduire leurs coûts.
Des prix récompensant les innovations
D’autres innovations technologiques pour le domaine de la santé, de la mobilité, dont le futuriste Cybertruck de Tesla présenté en avant-première, ont attiré les visiteurs et plus de 2000 investisseurs et fonds d’investissements tels que Accel, KKR, Lightspeed, Sequoia Capital, Eurazeo, ou encore GV (Google Ventures) qui étaient présents pendant les trois journées professionnelles. Les femmes de la tech étaient aussi mises à l’honneur notamment à travers le Female Founder challenge soutenu par Mazars, JCDecaux et Verizon. Il a récompensé Albane Dersy, co-fondatrice de Inbolt, une entreprise de logiciels de robotique développant un guidage en temps réel utilisant la vision 3D et l’IA. Enfin le Prix de l’Innovation LVMH 2024, qui reçu un nombre record de 1 545 candidatures de startups du monde entier dans six catégories, a récompensé cette année FancyTech. La plateforme génère des vidéos grâce à l’IA Générative à partir d’une modélisation 3D de produit et d’un brief créatif. Elle est déjà utilisée par plusieurs maisons du groupe LVMH. Dans la catégorie « Omnichannel & Retail », c’est la solution d’analyse des commentaires client alimentée par l’IA Glanceable qui a gagné le trophée, tandis que Aectual, start-up basée à Amsterdam, s’est vue décerner un award dans la catégorie « Sustainability & Greentech ». L’entreprise fournit du mobilier de magasin et des éléments architecturaux, imprimés en 3D, conçus à partir de matériaux recyclés. Authena, solution IoT pour la protection de l’authenticité et la traçabilité en temps réel des produits, a pour sa part été récompensée dans la catégorie « Operations Excellence ». La solution permet « d’éradiquer les contrefaçons, de réduire de 90 % les détournements de produits et d’aider à respecter les engagements ESG ».
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