Kiabi fiabilise la gestion de ses stocks en magasin et facilite le passage en caisse en déployant la RFID dans ses magasins européens, accompagné par l’expert du sujet Decathlon, et par plusieurs partenaires technologiques.
Entre les premiers tests et l’analyse de la concurrence, Kiabi aura attendu quelques années avant de déployer la technologie RFID (Identification par Radio Fréquence) à grande échelle dans ses magasins européens. Pour le spécialiste de la mode à petits prix, il fallait que le retour sur investissement soit bien calculé et surtout qu’il soit positif. «Cela fait très longtemps que l’on scrute la technologie RFID pour notre flux de marchandises mais c’est un investissement conséquent pour Kiabi. Nous avons été convaincus de la déployer une fois que le prix est devenu accessible», souligne Pierre Habart, leader Orga Retail international chez Kiabi qui a accompagné le projet.
Des tests pour affiner les réglages
D’autres enseignes à commencer par Decathlon il y a quinze ans, mais aussi Walmart qui a commencé au milieu des années 2000 à imposer l’utilisation d’étiquettes RFID pour identifier diverses unités logistiques, ont montré la voie et contribué, grâce aux volumes importants d’articles à «taguer» à la source, à faire baisser considérablement le coût de ces étiquettes. «De plus, la RFID avec la technologie radio, est bien adaptée à la partie textile. Ce n’est pas toujours le cas pour d’autres secteurs comme les cosmétiques, là où il y a beaucoup de métal», estime Pierre Habart. Pour trouver le bon modèle économique et la rentabilité, l’enseigne de mode pour toute la famille a commencé par réaliser des tests à l’échelle dans son magasin de Saint Martin-Boulogne dans le Pas de Calais. «Les tests se sont déroulés en plein Covid. Les puces étaient placées sur les vêtements en entrepôt et nous avons adapté tout le magasin. Cela a duré un an pour affiner tous les réglages, pour vérifier ce que la technologie pouvait nous apporter.» Décision a ensuite été prise de déployer à plus grande échelle, d’abord dans une dizaine de magasins pilotes en 2024, puis dans 500 magasins situés en France, en Belgique, en Espagne, en Italie et au Portugal, d’ici à la fin de ce mois de juillet.
Inventaires simplifiés et stocks actualisés en temps réel
Comme la plupart des enseignes du textile qui adopte cette technologie, le bénéfice prioritaire attendu concerne la fiabilité de la gestion du stock. «Il s’agit d’avoir un stock plus fiable et une meilleure data pour que nos équipes assurent les réapprovisionnements, accèdent à des indicateurs très fins de gestion des stocks. Pour nos magasins qui ont des volumes conséquents, il est très important d’avoir ce bon niveau de stock», ajoute Pierre Habart. L’autre argument concerne le gain de temps, à la fois pour les clients qui passent aux caisses automatiques et scannent directement leurs produits mais aussi pour les personnels ou «Kiabers» en caisses traditionnelles.
Enfin, la technologie apporte davantage de sécurisation car chaque étiquette est dotée de protection antivol. La sécurité des articles est désactivée lors du paiement, ce qui améliore l’efficacité du flux de travail et le confort du client. Il y a quelques mois, le groupe familial Schiever qui exploite six magasins Kiabi mettait en avant dans un post sur Linkedin les bénéfices concrets apportés par la RFID soit « 100 % des articles désormais sécurisés contre 20 % auparavant, une réduction des erreurs en caisse grâce à la lecture automatique, des inventaires simplifiés, des stocks actualisés en temps réel, des commandes automatisées des tailles manquantes, une réception plus rapide des livraisons et surtout plus de temps pour accompagner les clients et valoriser les avantages du programme fidélité Kiabi. »
Désormais tous les articles, soit 60 000 à 100 000 articles par magasin et au total environ 39 millions articles par an, sont taguées à la source par les fournisseurs. «C’est évidemment un investissement en termes de matériel. Une partie est liée aux tags mais il y a aussi des «guns» pour scanner les produits en sortie, les portiques de détection des puces et puis il y a la partie software avec un nouveau logiciel pour piloter la RFID et des développements en back office notamment avec notre logiciel de caisse», précise Pierre Habart. L’activation des étiquettes RFID pour la prévention des vols a aussi permis de sécuriser efficacement les stocks sans nécessiter d’étiquettes matérielles coûteuses.
Decathlon pour accompagner le projet
Pour la mettre en œuvre, Kiabi a choisi Frequentiel comme partenaire principal. L’intégrateur et éditeur a assuré «la gestion du cycle de vie du projet, le conseil, la planification et la livraison», comme le précise Wil de Salvo, directeur marketing de Frequentiel. Il a fourni sa plateforme logicielle RFID Octo+ basée sur le cloud pour répondre et améliorer les flux de travail opérationnels de l’enseigne. Elle est intégrée dans l’infrastructure informatique existante.
D’autres prestataires ont été sollicités dont Nedap pour lutter contre la démarque inconnue. Il fournit les antennes iSense Lumen intégrant une différenciation sonore et lumineuse en fonction du type d’alerte (RF, RFID, entrante, sortante). Avery Dennison et RPac apportent les tags et consommables, Zebra ses secteurs RFID, Checkpoint et Diebold, les lecteurs PoS et caisses automatiques. Kiabi a par ailleurs fait appel à un leader consultant qui a piloté le projet. «Nous avons surtout été accompagnés par Decathlon. Leur connaissance du sujet était pour nous un atout indéniable», insiste Pierre Habart.
L’importance du change management
L’adoption de la RFID a été un changement opérationnel majeur qui a affecté les processus d’affaires à de nombreux niveaux différents. Frequentiel a aidé les équipes de Kiabi à concevoir, tester et mettre en œuvre ces nouveaux processus opérationnels. De plus, des équipes de formation spécifiques ont été mises en place pour diffuser les connaissances et assurer une adoption à grande échelle dans tous les magasins. «Cette partie de change management est vraiment très importante. La RFID impacte l’ensemble des métiers du magasin. Nous avons pris le temps d’embarquer les équipes avec un professionnel du change management dédié. Différents ambassadeurs ont diffusé la formation à l’ensemble de nos Kiabeurs. Il fallait que tout se passe sans douleur. Nous avons pris six mois à le faire mais tout le monde était très satisfait. Le projet permet d’économiser du temps notamment en matière d’inventaire. Plus besoin de faire appel à des inventoristes.»
Vers une traçabilité complète des articles
Cette initiative s’inscrit dans les objectifs stratégiques plus larges, pour aller vers un modèle de vente au détail entièrement omnicanal. D’autre enjeux sont à venir. «Nous regarderons ce qu’on peut faire en entrepôt», précise Pierre Habart, qui travaille sur ces sujets logistiques avec Manhattan Associates qui équipe les entrepôts de l’enseigne. «L’enjeu est d’avoir une traçabilité complète de nos produits. Cette première étape nous amène de nouvelles opportunités. Nous allons pouvoir maintenant mener différents tests pour la supply chain, pour mieux répondre aux nouvelles exigences en matière de réglementation RSE notamment», ajoute Pierre Habart.
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