L’accès à internet se stabilise en France

Temps de lecture : 8 minutes

smartphone moyen d’accès internet @clesdudigitalLe smartphone devient le moyen d’accès privilégié à internet pour 51% des Français, désormais loin devant l’ordinateur avec vingt points d’écart selon le « Baromètre du numérique » que viennent de publier l’Arcep, le Conseil général de l’économie (CGE) et l’Agence du Numérique.

Réalisé par le Credoc (Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie), ce 19ème baromètre porte notamment sur les modes de connexion les plus couramment utilisés à domicile. L’étude menée sur un échantillon représentatif de 2259 personnes interrogées en face-à-face, montre que marché de l’équipement en smartphone entre dans sa phase de maturité. Cette préférence pour le smartphone s’exprime particulièrement chez les adultes de 25 à 39 ans qui enregistrent, sur un an, une baisse de six points sur l’équipement en ordinateur contre une hausse de trois points de l’équipement en smartphone. L’année 2019 voit ainsi le taux d’équipement en smartphone (77%, plus deux points) dépasser celui de l’ordinateur (76%, moins deux points mais depuis 2016). Ce taux de pénétration a néanmoins un peu ralenti, laissant entendre que cet équipement entre dans sa phase de maturité. L’équipement en ordinateur, au contraire, s’inscrit dans une période de déclin et perd moins sept points depuis 2012. Celui des tablettes se maintient autour de 42% depuis trois ans. « Il apparait clairement que l’attrait pour les tablettes semble avoir atteint un plafond après plusieurs années de croissance soutenue, de six points par an en moyenne entre 2011 et 2017 ». Si le taux de détention stagne, l’utilisation quotidienne de la tablette chez ses détenteurs ne faiblit pas (45% en 2017, 47% cette année) et l’utilité ressentie chez les utilisateurs ne bouge pas non plus entre 2017 et 2019 (62% des utilisateurs quotidiens d’une tablette jugent cet équipement « très utile »).

smartphone moyen d’accès internet @clesdudigital Vers une stabilisation de l’accès à internet

Pour la première fois, l’enquête montre par ailleurs que l’utilisation d’internet par la population recule légèrement en 2019, avec moins un point  : 88% des Français de 12 ans et plus sont des internautes. Sans postuler l’amorce d’un déclin de la connectivité des Français, plusieurs signaux tendent néanmoins à montrer une stabilisation de l’accès à internet : l’utilisation quotidienne baisse de deux points pour s’établir à 78%, tandis que la connexion fixe à internet à domicile reste au même niveau que l’année dernière à 86%. Parallèlement, la part des individus connectés « une à deux fois par semaine » (7%) et « plus rarement » (3%) reste stable en 2019, tandis que la population « jamais connectée » progresse légèrement, d’un  point, entre 2018 et 2019. « Bien qu’il soit prématuré de conclure au début d’une inversion des tendances en termes de connectivité des Français, la situation de 2019 est néanmoins inédite, posant la question de la stabilité des pratiques, depuis le développement d’internet dans le pays. En effet, alors que le contexte démographique est favorable à une population de plus en plus connectée, nous assistons à un ralentissement des pratiques quotidiennes. Il est alors légitime de se demander si, à l’aube de 2020, le développement d’internet n’aurait pas atteint un palier.»

La croissance du nombre d’adeptes du e-commerce ralentit en population totale

Avec une hausse de seulement deux points en quatre ans, et de un point sur un an, la croissance du nombre d’adeptes du e-commerce continue de ralentit en population totale. En 2019, 62% des Français indiquent avoir effectué un achat sur internet au cours des douze derniers mois. « Une partie de cette stagnation peut être imputée à la stagnation de la population internaute puisque le e-commerce progresse de trois points dans cette catégorie de population pour atteindre 71%. Il semble ainsi que depuis trois ans, la stagnation du e-commerce en population générale s’expliquait par la hausse continue de la population internaute qui intégrait de plus en plus de personnes âgées, moins portées sur l’utilisation d’internet pour réaliser des achats ». Si le nombre d’acheteurs en ligne se maintient globalement, les chiffres de la Fédération du e-commerce et de la vente à distance (Fevad) montrent, pour l’année 2018, une augmentation du nombre de transactions en volume et en valeur, qui laisse entendre que cet usage se consolide. Cette tendance se retrouvait dans l’édition 2018 du baromètre du numérique : en 2018, 35% des Français réalisaient au moins un achat par mois contre 29% en 2016. Si les acheteurs ne sont pas plus nombreux, ils achètent peut-être plus régulièrement. Le e-commerce réalise, par ailleurs, ses meilleurs scores chez les adultes de moins de 40 ans : 87% pour les 18-24 ans (+3 points) et 87% pour les 25-39 ans (+5 points). Les 12-17 ans enregistrent également une progression de trois points, mais sont seulement 40% à affirmer avoir effectué des achats sur internet dans les douze derniers mois

smartphone moyen d’accès internet @clesdudigitalEnceintes et objets connectés séduisent d’abord les plus jeunes

Une trentaine de modèles d’enceintes connectées seraient disponibles sur le marché hexagonal, où les acteurs sont arrivés plus tardivement qu’aux États-Unis. Alors qu’un foyer américain sur quatre serait équipé, ce qui laisse augurer une marge de progression importante.  « Avant de se démocratiser, les équipements innovants séduisent généralement d’abord une clientèle de niche, déjà adepte des nouvelles technologies et suffisamment aisée pour absorber des prix élevés, avant que la banalisation et la concurrence ne permettent une baisse des coûts. Les effets « revenu » et « âge », caractéristiques de la phase d’expansion des innovations liées aux technologies de l’informatique et du numérique, déterminent les différences dans l’équipement des individus », indique le rapport. Ainsi, 14% des individus de 12-24 ans possèdent une enceinte connectée, contre 6% de ceux âgés de 60 ans et plus. De la même manière, les cadres sont 18% à être équipés. Par ailleurs, les enceintes connectées sont plus facilement adoptées par des personnes déjà bien équipées en produits technologiques puisque 18% des individus équipés en smartphone, tablette et ordinateur ont, également, l’usage d’une enceinte connectée.

Les objets connectés, quant à eux, ont été adoptés par un Français sur six : 16% des Français en possède au moins un, qu’il soit relatif à l’électroménager, la santé, la domotique ou la sécurité. 59% pensent ne jamais en utiliser dans aucun de ces domaines et 25% pour qui cette éventualité existe. C’est toujours l’âge qui s’avère le plus à même d’expliquer la possession, l’attrait ou, au contraire, le total désintérêt pour de telles innovations.  Par exemple, si dans l’ensemble de la population 16% des Français ont déjà un objet connecté, ce taux est deux fois plus élevé chez les 12-17 ans (31%).

Et si les 12-17 ans sont 31% à prétendre ne jamais utiliser dans l’avenir un objet connecté, c’est le cas de trois sexagénaires sur quatre. Les plus jeunes sont ainsi beaucoup plus enclins que leurs ainés à accepter des objets connectés, et ce quel que soit l’usage : par exemple, 86% des 60-69 ans affirment qu’ils n’utiliseront probablement pas d’objets connectés relatifs à la santé dans le futur, contre 43% seulement des 12-17 ans.

Les SMS perdent du terrain au profit des messageries instantanées

Du côté des messageries, sans encore détrôner les SMS, les messageries instantanées de type Whatsapp, Viber, Messenger, s’imposent comme un mode de communication à part entière, ne se cantonnant plus à des moments ou des types de contacts spécifiques (voyage à l’étranger, communication de groupe) : 23% des Français concernés utilisent maintenant plus souvent ces messageries plutôt que les SMS (plus sept points par rapport à 2018). Cette évolution va de pair avec une diminution du nombre de SMS émis : moins 8% par an en moyenne entre 2016. Et les premiers chiffres disponibles pour l’année 2019 semblent confirmer cette tendance. « Les jeunes sont les principaux utilisateurs de ces nouveaux modes de communication, dont les nombreuses fonctionnalités  – GIF, stickers, partage de localisation, messages vocaux, envoi de fichiers –  augmentent l’attractivité par rapport aux SMS. Par ailleurs, l’intégration de plus en plus forte des messageries instantanées au sein des réseaux sociaux (Instagram) peut expliquer la consolidation de cet usage ». Ainsi, 38% des 18-24 ans utilisent plus souvent les messageries instantanées que les SMS (contre 23% pour l’ensemble de la population).

@clesdudigitalUn usage toujours plus important des réseaux sociaux, qui n’empêche pas la défiance

Depuis trois ans, six personnes sur dix utilisent les réseaux sociaux. « Après la pause repérée l’an dernier, cette pratique gagne un point cette année, peut-être en lien avec une mobilisation accrue de certains groupes de population, notamment dans le sillage des mouvements de contestation des « Gilets jaunes » qui sont apparus l’automne dernier ». En 2019, 60% de la population française indique avoir participé à des réseaux sociaux au cours des douze derniers mois. Mais par rapport à leurs homologues européens, les Français sont plutôt peu présents sur les réseaux sociaux. A l’automne 2017, l’Eurobaromètre recensait autant de Français utilisateurs quotidiens des réseaux sociaux (40%) que de personnes n’y recourant jamais (39%), alors qu’en moyenne dans l’Union européenne les utilisateurs quotidiens (42%) sont nettement plus nombreux que les non-utilisateurs (32%).

Les 12-17 ans moins nombreux que les jeunes adultes

Cette participation dépend principalement de l’âge des individus interrogés. Les jeunes sont plus enclins à utiliser de tels outils et, à l’exception des 12-17 ans, on observe une relation inversement proportionnelle entre l’âge et la participation aux réseaux sociaux. Ainsi, les 18-24 ans sont 94% à les utiliser, contre 35% pour les 60-69 ans et 19% pour les 70 ans et plus. Les 12-17 ans sont relativement moins nombreux que les jeunes adultes à être sur les réseaux sociaux (80%), ce qui peut s’expliquer par le fait que leurs parents contrôlent plus strictement leur accès, par les contraintes réglementaires (la majorité numérique a été fixée à 15 ans en France dans le cadre de la loi relative à la protection des données personnelles promulguée le 20 juin 2018 ; l’âge minimum pour s’inscrire sur Facebook est de 13 ans) ou par le fait que les plus jeunes d’entre eux n’en voient pas (encore) l’utilité. Les écarts observés au sein de cette cohorte tendent à confirmer la dernière hypothèse : 56% des individus âgés de 12 ou 13 ans participent à des réseaux sociaux contre 92% des 14 ans et plus. Enfin, les plus jeunes ont peut-être développé d’autres réseaux pour communiquer entre eux, comme les jeux vidéo en ligne. En 2019, cette participation est stable sur toutes les catégories d’âge, à l’exception des 12-17 ans (une hausse de quatre points mais qui n’efface pas la baisse importante enregistrée l’an dernier de 8 points) et des 70 ans et plus (+5 points).

Moins de confiance dans le numérique comme moteur de l’innovation et du développement social

L’édition 2018 du baromètre du numérique avait mis en avant les craintes de la population vis-à-vis de la protection des données personnelles. Cette année, l’objectif a été d’interroger la population sur l’impact du numérique sur leur vie personnelle et professionnelle et sur la société en général. Il en ressort que malgré quelques inquiétudes localisées, notamment sur l’environnement, les Français apprécient plutôt l’influence des technologies du numérique sur les différents aspects de leur quotidien. Avoir accès à internet est une condition perçue comme de plus en plus souvent nécessaire pour se sentir intégré dans la société. Ainsi, 63% de la population affirment qu’internet et les technologies de l’information ont un impact positif sur leur vie privée, tandis que 71% des actifs occupés rapportent un impact positif sur leur vie professionnelle. Cependant, en dix ans, la confiance dans le numérique comme moteur de l’innovation et du développement social, bien que haute, s’est érodée.

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