Placé sous le thème « Back to Basics : du bon sens face aux paradoxes », Paris Retail Week n’est plus seulement un espace d’exposition et de rencontres d’affaires, il est aussi un lieu de décryptage des tendances en matière d’innovations technologiques et de consommation et cette année ce sont les solutions qui concourent à rendre les parcours des clients plus fluides en magasin et sur le web qui étaient à l’honneur, en particulier dans le domaine du paiement.
La 9ème édition de Paris Retail Week a fermé ses portes le 21 septembre dernier. Elle a accueilli pendant trois jours environ 20 000 visiteurs selon l’organisateur Comexposium et l’ambiance était affairée, la salle des conférences plénières bien remplie avec les interventions de grands retailers, tandis que les allées du salon ont été animées, en particulier le deuxième jour. Fidèle au rendez-vous depuis 2019, Franck Journo, fondateur du cabinet de conseil et e-logistique Neo 26 a également contribué à cette animation en conviant sur son ring des prestataires et personnalités du retail pour des joutes verbales désormais largement diffusées sur les réseaux sociaux avec son partenaire Blitz!.
Retail media : Valiuz lance Valiuz Adz
Quelques acteurs ont profité de ce temps fort pour faire des annonces. Valiuz a communiqué lors d’une keynote sur le lancement de sa régie omnicanale et pluri-enseignes Valiuz Adz, en partenariat avec Auchan et Boulanger, ce qui fait de cet acteur «l’une des plus grandes bases digitales et physiques du retail, avec plus de 55 millions de clients uniques, représentant 80% des foyers français», selon l’entreprise. Sur ce marché du retail média en pleine effervescence, estimé à un milliard d’euros en France (selon des chiffres communiqués par Valiuz), dynamisé par le durcissement des règles relatives à la protection des données et la fin des cookies tiers programmée pour 2024, de nombreuses plateformes ont vu le jour au cours de ces derniers mois.
L’ultra discount sur le podium
En salle plénière, Wouter De Backer, dg France du discounter Action (718 magasins dans l’Hexagone), qui devance cette année Decathlon à la place de l’enseigne préférée des Français d’après l’étude annuelle de EY-Parthenon, a livré quelques recettes de son succès, basé sur une large gamme de produits dans 14 catégories différentes à des prix très bas, dont deux tiers de l’assortiment changent constamment. La chaine a enregistré un chiffre d’affaires de plus de 3,5 milliards d’euros en France en 2022. Sur ce même marché du discount Peter Day, directeur de la stratégie du géant mondial de l’ultra fast fashion Shein, a affronté lors d’une table ronde Thomas Huriez, fondateur de la marque de jeans made in France 1083 et Laurent Moisson, cofondateur de l’association Forces françaises de l’industrie. Deux modèles très éloignés, qui ont donné lieu à peu de confrontation. Le premier ne dévoilant aucun chiffre sur son activité, en se retranchant sur son statut d’entreprise privée, avançant juste une volonté de produire plus local notamment en Turquie pour servir les marchés européens. Tandis que Thomas Huriez s’attachait de son côté, à démontrer les effets néfastes de la fast-fashion, et à pointer les mensonges affichés par Shein sur son site, en matière de RSE notamment. Seth Dallaire, chief revenue officer de Walmart US, avait aussi fait le déplacement pour rappeler le positionnement de l’enseigne américaine centrée sur les prix bas, tout en insistant sur la complémentarité entre off et online, et sur l’importance de la data «dans laquelle tous les retailers vont devoir investir». Sa filiale Walmart Commerce Technologies exposait ses solutions de gestion de commandes clients pour la première fois en France.
Le SoftPos prend son envol dans le paiement
Du côté des exposants, les acteurs de paiement, déjà très présents à la dernière édition, ont encore pris un peu plus de place cette année. «Bientôt un rebranding en Paris Retail Payment Week ?», a interrogé Flavien Charles, directeur général et associé de Wellpack sur Linkedin. Ces prestataires du paiement ont occupé les plus gros stands. Avec en ligne de mire des tendances qui se confirment en matière de paiements mobiles, sans friction, de Buy Now Pay Later (BNPL), de SoftPos avec des paiements en direct sur des téléphones Android (voir l’article IDKids). Les technologies «Tap on Phone» ou «Tap to Pay» sont ainsi proposées par une liste croissante de fournisseurs comme Visa (qui la déploie chez Decathlon), ou encore Viva.com, Paytweak, Vibrant, SumUp…
UpStream Pay a profité du salon pour dévoiler sa nouvelle identité de marque et affirmer ses ambitions de développement à l’international. Devenue Purse, la fintech, qui accompagne Auchan dans la refonte de son infrastructure de paiement, mais aussi Decathlon, Chullanka, Chronodrive ou encore Vertbaudet, a aussi lancé sa solution d’orchestration des paiements en mobilité ouvrant la voie à de nouvelles expériences en magasin. «Le magasin demeure le cœur de l’activité de nos clients et il devient avant tout un lieu d’expérience et d’émotion. Il était donc essentiel pour nous de proposer une solution et notre expertise pour répondre à leurs besoins», détaille Rami Salem, DG de Purse.
Sur son stand Open Bravo exposait Openbravo POS fonctionnant sur le dernier terminal Android «All-in-One» de son partenaire Adyen permettant de scanner, payer et imprimer. La mobilité des équipes en magasin devient un élément fort de différenciation, mais aussi d’engagement du personnel. Lors d’un atelier, Orchestra Prémaman a dévoilé comment il déployait dans ses plus de 400 magasins et dans une vingtaine de pays de nouvelles caisses fixes mais également 670 terminaux mobiles, dotés progressivement de nouvelles fonctionnalités avec l’application mobile Cegid Live Store, pour doter les vendeurs d’outils plus performants.
La technologie biométrique palmaire se déploie
Le secteur du paiement reste toujours propice aux innovations. DeluPay qui prône la fin de la carte bancaire, proposait à ses visiteurs de tester le paiement via QR code et NFC. Présentée par Ingenico pour la première fois au salon NRF à New York et améliorée depuis, la solution biométrique basée sur l’identification des veines de la paume de la main doit, pour sa part, permettre aux commerçants d’accélérer le paiement tout en minimisant les risques de fraude. Cette technologie développée par Ingenico en partenariat avec Fujitsu Frontech North America à travers leur filiale Fulcrum Biometric et récompensée sur le salon d’un trophée dans la catégorie «Nouveaux paiements», vise les marchés de la grande distribution et les grands événements. «Elle diminue le temps d’action lié à la recherche de son portefeuille, pas exemple, mais pas le temps lié à la transaction», explique un porte-parole sur le stand. Amazon a été le premier à lancer sa solution avec cette technologue baptisée «Amazon One» en 2020 aux Etats-Unis, déployée dans 150 magasins de la chaîne de supermarchés Whole Foods ainsi que dans des restaurants et des stades. Et désormais ce service est intégré à FreedomPay, comme l’a par ailleurs annoncé ce fournisseur au moment du salon : «la semaine a été extraordinaire pour FreedomPay à Paris ! Nous avons annoncé notre partenariat avec Worldpay et notre intégration avec la technologie biométrique palmaire Amazon One d’AWS».
Nouveaux standards
Les nouvelles tendances en matière de paiement viennent aussi des évolutions réglementaires avec le déploiement de l’application FRv6, un nouveau protocole qui ouvre la voie aux paiements sans contact supérieurs à 50 euros. Ingenico a déjà obtenu cette certification en France pour les solutions Android mais il n’est pas le seul. PAX France a également reçu l’agrément par le Groupement des Cartes Bancaires (GIE CB). «FRv6 offre des avantages de sécurité tant pour les clients que pour les commerçants en prévenant la fraude via une vérification en ligne de l’approbation d’un remboursement. Grâce au PIN Online, le terminal demandera la vérification du PIN en temps réel à la banque du client, pour sécuriser le processus de transaction», précise Ingenico qui fait état d’un temps de transaction des paiements optimisé et d’une alternative plus écologique avec l’impression optionnelle du ticket de carte bancaire et la possibilité d’envoyer le ticket au client de façon dématérialisée.
Self checkout et RFID
Des innovations qui restent encore freinées, en particulier dans les magasins de mode, par les manipulations liées aux antivols. Quand les étiquettes antivol sont liées à des tags RFID, plusieurs solutions existent pour les désactiver lors de l’encaissement (avec l’exploitation d’une zone de la mémoire pour entrer la donnée «vendu» ou «non vendu») ou encore l’utilisation d’une fonction «kill» pour désactiver l’antivol de façon définitive lors de l’encaissement. Avec les étiquettes antivol RF (radio-fréquence) et AM (magnéto-acoustique), plus largement répandues, la désactivation a lieu après le passage sous le scanner de caisse. Des évolutions techniques sont encore à apporter pour plus de sécurité notamment. Ce sont des sujets sur lesquels travaillent ensemble les spécialistes de la RFID Nedap et des solutions de paiement et d’encaissement mobiles Lyf. «Si les paiements en mobilité ne contribuent pas à fluidifier ce parcours client, tout le monde est perdant», estime Frédéric Leclef, directeur général délégué de Lyf. Les deux acteurs ont profité du salon pour mettre en avant leur solution commune d’encaissement en mobilité pour le retail.
Nedap a, par ailleurs, présenté, toujours dans cet objectif d’optimiser l’expérience client et la sécurité, la borne self-check-out (SCO) Keego, fruit d’une collaboration avec Aures et Cegid et comprenant une technologie RFID embarquée. «Cette nouvelle borne interactive est une solution d’encaissement Self Checkout bi-technologique RF/RFID, capable de combiner une capture instantanée et en masse des prix des articles – et dans le même temps, de désactiver les tags antivol RF conventionnel. Le logiciel de caisse est géré par la plateforme de commerce unifié de Cegid», explique-t-on chez Nedap.
Éliminer aussi les frictions pour les paiements en ligne
Sur Internet, les paiements se doivent aussi d’être «frictionless» tout en restant très sécurisés. Lors d’une conférence, Paul Guérin le directeur de la trésorerie et des paiements de Veepee, également mentor de la thématique «Nouveaux Paiements» pour cette édition 2023 a raconté comment il gérait les 1 300 transactions enregistrées chaque minute sur le site, tout en réduisant les demandes d’authentification forte, source d’abandon de panier. Le pure-player qui a choisi Checkout.com comme partenaire de paiement s’appuie pour cela sur Accertify, fournisseur de solution de lutte contre la fraude et filiale du groupe American Express, et il offre différents modes de règlements alternatifs dont les wallets Apple Pay et PayPal. Olivier Cotinat, fondateur de TapBuy, a raconté lors d’un atelier comme sa solution facilitait les achats et «augmentait de 30% le taux de conversion mobile», n’hésitant pas à comparer le tunnel de conversion à un gazon qu’il faut régulièrement entretenir et à évoquer l’intolérance des plus jeunes consommateurs qui achètent sur mobile mais n’acceptent aucune imperfection.
Une Gen Z exigeante et adepte du m-commerce
Cette «Gen Z» (les consommateurs entre 14 et 25 ans) justement a été passée au crible dans une étude réalisée par KPMG en France et la Fédération du e-commerce et de la vente à distance (Fevad). Le rapport dont c’est la 7ème édition se base sur des entretiens qualitatifs, des chiffres fournis par la Fevad et un sondage Odoxa pour la fédération sur les pratiques d’achats en ligne des Français avec un focus sur cette génération. Il montre que 97 % de ses membres ont adopté les modes d’achats en ligne, qu’ils réalisent plus de la moitié de leurs achats habituels sur internet, contre 29,5 % pour l’ensemble de la population française, et que le m-commerce a continué de progresser avec 75 % de leurs transactions effectués via un smartphone, contre 49 % pour l’ensemble de la population française. Plus exigeante, la Gen Z attend des marques qu’elles interagissent de manière honnête au travers de communications transparentes et de contenus alignés avec les valeurs énoncées, souhaite des livraisons plus rapides et simplifiées tandis que réseaux sociaux (TikTok, Instagram, Facebook, Snapchat et les médias en ligne YouTube, Twitch ou Discord) impulsent de plus en plus leur achats. En 2022, deux jeunes sur trois ont par ailleurs acheté un produit de seconde main et 63 % ont acheté davantage de produits en promotion, soit huit points de plus que les autres consommateurs.
La Gen Z apprécie particulièrement les solutions de paiements répondant à leurs contraintes de budget comme le «Buy Now, Pay Later» (BNPL). «Stimulés par la Gen Z, les e-commerçants doivent innover en permanence pour capter l’acte d’achat de ce public cœur de cible et sur-sollicité, dont l’attention n’est que de 8 secondes avec les contenus » selon François-Xavier Leroux, associé, digital & customer chez KPMG en France. Dans cinq ans, la génération Z représentera près d’un quart de la population active en France et ses dépenses de consommation vont augmenter de manière exponentielle, «il est donc essentiel pour les e-commerçants de réfléchir dès maintenant à la meilleure façon de répondre à leurs nouvelles attentes», estime Marc Lolivier, délégué général de la Fevad.
Les innovations récompensées
Enfin, comme chaque année les Paris Retail Awards, ont récompensé les innovations retail considérées comme les meilleures du secteur dans huit catégories. Hormis Ingenico, ont été distinguées l’espagnol Naiz FIT (acquise par MySize 2022) qui fournit la solution «Size Form & Smart Catalogue» pour résoudre les soucis de taille et de morphologie dans toute la chaîne de valeur de la mode, le spécialiste de la personnalisation de l’expérience en ligne sans cookie Potions (qui équipe notamment Jacadi), Fox Intelligence pour son panel Ecommerce Now. Dans la liste figuraient aussi, Elyn Return Management qui automatise les échanges pour des variantes de produits ou des articles différents. Pacvue Commerce qui déploie une solution logicielle intégrée sur le marché pour la gestion tout-en-un des activités des vendeurs et des vendeurs d’Amazon. Sur le sujet clé de la RSE par ailleurs très débattu pendant l’événement, Each One qui offre une la solution de recrutement inclusif destinée aux entreprises, personnes réfugiées et nouveaux arrivants a été primée pour sa solution All-in-One. Enfin Pickeos a été récompensé pour son outil Optistock qui aide à optimiser le circuit de picking et le prix “Rookie of the year” qui met en lumière la start-up la plus prometteuse, est revenu à Nricher qui commercialise une IA pour les category managers, capable d’analyser en temps réel leur catalogue et celui de leurs concurrents pour identifier les « trous de catalogue » en fonction des tendances des ventes.
La 10ème édition du salon Paris Retail Weel se déroulera du 17 au 19 septembre 2024.
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