Séverine Tréfouel : mettre son expérience au service de l’économie locale

Temps de lecture : 5 minutes

un concept store digital de marques @clesdudigitalIl y a deux ans, elle a fondé Simon-Simone, un concept store digital de marques de décoration, mobilier, linge de maison qui produisent en France et en Europe.

Simon-Simone est un aboutissement pour Séverine Tréfouel qui, tout au long de sa carrière professionnelle, a toujours voulu apprendre et comprendre et s’est donnée des armes pour entreprendre. Son premier job pourtant n’a pas grand-chose à voir avec sa passion d’aujourd’hui. Elle débute au contrôle de gestion chez Conforama, alors filiale du groupe PPR (Pinault Printemps Redoute). «J’avais fait une école de commerce, je ne savais pas quel métier choisir et je me suis dit que cela me laisserait le temps de réfléchir», se souvient Séverine Tréfouel. En seconde année, même si elle est plutôt attirée par la publicité, elle opte pour l’option finance. «Certains dans mon entourage m’avaient dit que la publicité ne s’apprenait pas». Cette décision l’amène tout naturellement à faire des stages dans des départements finance et gestion. Et la voilà propulsée dans ce monde, presque malgré elle, mais sans regret. «Lors de mon premier CDI, je n’étais pas malheureuse. C’était un poste assez proche de l’opérationnel et j’aime bien comprendre». Elle y restera un peu plus de trois ans avant de rejoindre une structure lancée par PPR, qui ne s’appelle pas encore « incubateur » mais qui en a toutes les caractéristiques, dans le domaine des télécoms. «J’ai adoré cette période. Nous étions trois et il fallait tout créer. C’est grâce à cette expérience que j’ai pu, plus tard, lancer mon entreprise». Arrivée avec sa vision «contrôle de gestion», elle touche aussi au juridique, aux fonctions support. Puis arrive l’aventure de La Samaritaine.

Des missions transversales

L’historique grand magasin parisien vient d’être acquis par le groupe LVMH mais il y a tout a rebâtir. «J’étais au contrôle de gestion. Il s’agissait d’analyser le marché, de voir comment rentabiliser le magasin, de réfléchir au business modèle en termes de prix, de typologies de clients, d’imaginer le schéma directeur, le parcours client dans le bâtiment et de mettre en place un reporting vis à vis du groupe». La fonction très transversale oblige là encore Séverine Tréfouel à comprendre et à «parler à tout le monde». «C’était très intéressant mais j’avais envie de découvrir autre chose, de passer au produit. Je m’étais rendue compte que j’aimais le commerce». La direction de La Samaritaine ne répondra pas à son désir. Et c’est plus tard Laurent Michior, qu’elle connait et qui travaille aux côtés de son père chez Etam, (avant de prendre les rênes de la société familiale quelques années plus tard) qui lui donne sa chance. «Je lui ai fait part de mon envie de travailler sur les produits et nous avons passé un deal. Si cela ne marchait pas, je reviendrais contrôle de gestion».

un concept store digital de marques @clesdudigitalSéverine Tréfouel s’attelle alors à changer de métier, à se faire accepter aussi par ses nouveaux collègues alors qu’elle a intégré la marque de mode comme responsable du contrôle de gestion et comme membre du Codir. «Je n’avais pas anticipé ces difficultés. Il n’est pas toujours facile en France de changer de métier, d’accepter aussi de redescendre d’un cran. Mais finalement tout s’est bien passé. Je suis devenue chef de produit et j’ai adoré construire des collections, apprendre encore une fois et comprendre». Elle restera finalement un peu plus de neuf ans chez Etam, deviendra chef de groupe et quittera l’entreprise pour partir en province. «Avec nos deux jeunes garçons, nous avions aussi envie de partir de Paris, de vivre dans une maison».

Plongeon dans le digital et dans la conduite du changement

C’est alors Nadine Caux qu’elle a rencontré chez Etam (aujourd’hui à la tête de Co & Caux ValueStyle) qui la met en contact avec les nouveaux repreneurs de La Redoute, Nathalie Balla et Eric Courteille. La voici partie pour la région lilloise où elle prendra la direction des collections La Redoute et des marques nationales, du style, du développement produit, des achats et de la gestion du stock. Elle y sera aussi responsable du plan marketing et commercial pour le PAP Femme et participera activement à la transformation de l’enseigne. «Et cette fois j’ai du apprendre le digital. Là encore pendant cette période, mon expérience de contrôle de gestion m’a aidée. Je travaillais avec une cinquantaine de personnes et il y avait tout à reconstruire. Ce n’était pas facile car c’était aussi une conduite du changement à mener. Il fallait passer du métier de vépéciste à celui de l’e-commerçant et faire en sorte que tout le monde aille dans le même sens. Mais les deux dirigeants organisaient des points très régulièrement pour que tous aillent au même rythme. Ces rendez-vous ont été hyper-importants».

Séverine Tréfouel prend son envol quand l’enseigne nordiste est rachetée par les Galeries Lafayette. Actionnaire de l’entreprise, elle doit vendre ses parts. C’est le bon moment et le coup de pouce qu’il lui faut pour «monter sa boite». «Une fois de plus mon expérience à La Redoute m’a appris beaucoup de choses nouvelles. Le plus compliqué était de douter sur la réussite de l’entreprise. Va-t-on y arriver ? D’autant plus que le secteur de la mode n’est pas simple et n’est pas en croissance. Mais j’avais aussi été à très bonne école chez Etam, une marque innovante et méthodique».

un concept store digital de marques @clesdudigitalUn concept-store qui privilégie les circuits courts

L’ex directrice de collection, hésite sur sa prochaine initiative. «Je notais mes idées sur un brouillon. Au départ j’ai voulu créer un lieu pour les parents et les enfants, un endroit avec diverses activés où on leur apprend à avoir confiance, car cette confiance en soi manque dans notre éducation. Mais alors que je faisais les plannings, je me suis rendue compte aussi qu’avec cette activité moi-même je ne verrais plus mes enfants. Je me suis dit alors que ce serait pour plus tard». Elle part effectuer une mission de conseil chez Prisma media qui a lancé un incubateur et cherche à construire une marketplace éco-responsable. «C était de l’intrapreneuriat qui devait se transformer en CDI. Mais tout a été mis en stand by en mars 2020 avec la crise sanitaire». Séverine Tréfouel saisit le moment pour se lancer et créer son site de vente en ligne de marques françaises. Son expérience lui a fait prendre conscience de l’immensité des stocks résiduels générés par les achats en Asie. «Malgré les soldes, il restait parfois jusqu’à 10% des achats non vendus à La Redoute. Le circuit court et la production de petites quantités permettent de résoudre ce problème».

Exporter le savoir-faire français

Baptisé Simon-Simone, du prénom de sa grand-mère, son concept-store commercialise les articles d’une centaine d’entreprises. Les services comme le marketing, les photos, sont mutualisés et les histoires des marques sont racontées. Le site fonctionne en dropshipping et en achat ferme pour la petite décoration. Membre de la French Tech Lille, la fondatrice a reçu le soutien du French Touch Found et cherche de nouveaux investisseurs. «J’aimerais exporter le savoir-faire français. C’est une aventure passionnante. Je me dis parfois que j’aurais pu me lancer avant. Mais mon expérience m’a donnée la méthode. Je n’ai jamais eu peur non plus de prendre des risques». Entourée de trois personnes sans compter les stagiaires, Séverine Tréfouel a trouvé sa voie et s’y investit totalement. Une activité qui lui laisse aujourd’hui peu de temps pour s’adonner à ses loisirs, comme la peinture à l’huile, qu’elle espère reprendre un jour.

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