Aujourd’hui à la direction marketing et communication du coréen Hyundai Motor France, Clémentine Antunes est parvenue à allier sa passion de l’automobile à son goût pour l’innovation.
Rien ne prédestinait vraiment Clémentine Antunes à plonger dans l’univers de la construction et de la distribution automobile, si ce n’est son père ingénieur chez Renault qui la conseillera pour un stage chez le constructeur français. Cette première expérience qu’elle n’avait pas imaginée lui ouvrira les portes d’un secteur en pleine évolution et qu’elle n’a pas quitté depuis. Aujourd’hui head of brand, strategy and communication chez le coréen Hyundai Motor France, elle reste passionnée par ce marché en pleine transformation. Elle a su se faire une place dans ce milieu plutôt masculin et apprivoiser une nouvelle culture bien éloignée des codes professionnels français.
Une plongée dans l’univers automobile
«Après le lycée je voulais surtout faire des études de commerce. J’ai eu un professeur de sciences économiques et sociales passionnant qui m’a donné l’envie d’approfondir le commerce international». Clémentine Antunes intègre alors l’Essec avec l’espoir de «découvrir le vaste monde» et la volonté de décrocher un poste marketing dans une maison de luxe, comme le souhaitent une majorité d’étudiantes de sa promotion. La jeune femme qui a soif de comprendre, choisit d’effectuer une année en apprentissage et fait donc ses premières armes dans le service marketing produit de Renault qui s’apprête à lancer sa Megane II au niveau international. «J’ai découvert le marketing stratégique et j’ai tellement aimé cette complexité des moteurs, de la distribution automobile, qu’à la fin de mes études j’ai voulu rester dans cette univers».
Après avoir exercé comme assistante du chef de produit, elle reçoit une proposition pour intégrer la filiale française de General Motors au poste de chef de région pour Saab, une marque emblématique suédoise rachetée par le groupe américain en 2000 et aujourd’hui disparue. «Dans le secteur automobile, il est important de passer par le terrain pour comprendre les différents métiers du concessionnaire, la vente, le financement… J’ai commencé au service-après vente. Il n’y avait qu’une seule femme au commercial sur le terrain. Le milieu, il y a une quinzaine d’années, était très masculin. C’était compliqué mais quand on réussit on peut aussi y voir des avantages. Et si j’en suis là aujourd’hui, c’est foncièrement grâce à des hommes que j’ai rencontrés». Sensibilisée par ce sujet de la mixité dans l’univers automobile, Clémentine Antunes milite au sein de l’association WAVE (WoMen and Vehicles in Europe) dont le but est de promouvoir cette mixité dans tous les métiers du secteur, constructeurs, importateurs, équipementiers, réseaux de distribution et de réparation, fournisseurs de services.
Les réseaux spécialisés se digitalisent
Après avoir fait ses armes sur le terrain en rencontrant des concessionnaires pendant trois ans, Clémentine Antunes repart au siège et devient chef de produit pour Opel avant de rejoindre un peu plus de cinq ans plus tard le marketing de l’équipementier Goodyear Dunlop France pour élaborer un plan marketing, innover dans la communication, gérer aussi des changements liés à un nouvel étiquetage européen des pneumatiques. C’est à cette période qu’elle découvre les réseaux organisés et chaines de réparation comme Norauto, Euromaster mais aussi les prémices de la digitalisation du marché. «C’était l’époque ou l’on achetait des fans sur Facebook et pour moi ces nouveaux enjeux de la communication online étaient encore abstraits. J’ai donc commencé une formation diplômante d’un an à Dauphine. J’ai reçu une claque intellectuelle et dû apprendre de nouveaux acronymes. Mais j’ai vraiment pris goût à ces problématiques de transformation digitale. C’est un marketing qui change tout le temps».
Premières campagnes online
Quand elle rencontre les équipes du pure-player Allopneus dans leur fief à Aix-en-Provence, Clémentine Antunes est «bluffée». «J’ai pris conscience qu’un autre monde professionnel existait, avec une vision totalement différente du marché. J’ai discuté avec eux et j’étais convaincue qu’il fallait prendre le train en marche». La responsable va lancer de premières campagnes digitales parallèlement aux actions menées sur les médias traditionnels, aller chercher de nouveaux fans mieux engagés, accélérer les mises en avant de produits sur le site internet. «Aujourd’hui cela fait un peu « dinosaure » mais j’ai beaucoup appris et chaque pas était gagnant. Il y avait tout à construire».
Recommandée par l’ancien directeur général de General Motors en France, elle rejoint en 2015 le service publicité et communication de Hyundai. Le constructeur coréen est encore un petit poucet dans l’Hexagone, ne pesant qu’un peu plus de 1% du marché et il y a tout à construire. «J’ai été propulsée à la communication. Les enjeux de la communication digitale étaient connus et il fallait tout mettre en œuvre. J’ai découvert la culture coréenne et le premier mot que j’ai du apprendre c’est «pali-pali» littéralement «vite vite». Ici, nous avons des capacités pour innover au quotidien et la communication média est un peu à l’opposé de ce que font mes confrères. Il n’y a aucune inertie et on ne s’ennuie jamais. Il n’y a pas besoin non plus de jouer des coudes pour faire carrière. L’individu ne prime pas sur le collectif. La seule exigence c’est de mesurer ce qui est fait, de pouvoir comparer chaque action».
La passion de l’innovation
Clémentine Antunes déploie les plans de communication nationale et établit des recommandations de communication locale pour les concessionnaires. Elle manage une équipe, gère les agences comme la structure intégrée Innocean, et les prestataires externes dont Havas avec sa filiale Socialyse ou Ekstend pour le marketing local, définit aussi la stratégie de communication pour soutenir le « drive-to-web » et le « drive -to-store » et met en place des innovations digitales pour explorer de nouveaux points de contact et de nouveaux prospects. «Il s’agit de mettre en œuvre une communication cohérente et en ligne avec les objectifs de la marque. Je fais appel aussi à des influenceurs comme l’acteur Arnaud Ducret qui réalise des web-séries pour lever tous les freins sur les véhicules électriques». En quelques années Hyundai a grimpé à la troisième marche du podium derrière Volkswagen et Toyota sur le marché des véhicules importés. «Le groupe se nourrit de l’innovation et je suis moi-même passionnée ainsi que mon mari par ces sujets de la voiture connectée, de la mobilité du futur, du metavers».
Clémentine Antunes qui adhère à un programme de mentoring de Google et qui a récemment été membre du jury des BigBoss a également continuellement besoin d’explorer, de découvrir de nouveaux prestataires digitaux non spécialisés dans l’auto. «J’ai la chance de travailler dans un secteur passionnant qui doit faire sa révolution à marche forcée et je ne regrette pas d’avoir poussé cette porte plutôt que celle d’une maison de luxe». Clémentine Antunes consacre beaucoup de son temps à accompagner et à soutenir les plus jeunes dans leur carrière professionnelle. «Les soft skills ne sont pas forcément bien appréhendés dans les études et les jeunes qui se projettent dans les entreprises ont besoin d’être accompagnés». Elle offre aussi ses compétences en matière de communication à une association de danse de modern jazz, une activité qu’elle pratique régulièrement avec un groupe d’amies.
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