Depuis près de quatre ans directrice en charge de la stratégie et du développement chez Ikea France, Emma Recco a connu plusieurs vies professionnelles dans cette même entreprise avec toujours ce désir de partager et de jouer collectif.
Emma Recco est entrée par la petite porte chez Ikea. Elle y fait ses premiers pas grâce à un job d’étudiante comme vendeuse dans le magasin de Toulouse. Elle ne sait pas encore qu’elle y reviendra quelques années plus tard pour diriger le point de vente. A ce moment-là, Emma Recco suit ses études à l’Université des Sciences sociales de Toulouse. Elle poursuivra son cursus par un troisième cycle en droit. La matière l’intéresse, mais rapidement c’est le monde de l’entreprise qui va l’attirer, plus que l’univers du judiciaire. Son chemin professionnel sera ensuite semé de nouvelles opportunités et de rencontres de cadres dirigeants qui lui feront confiance et la feront grimper dans la hiérarchie de l’enseigne suédoise, jusqu’à son poste actuel de directrice générale à la stratégie et au développement.
Un goût pour l’opérationnel
«Les ressources humaines m’intéressaient et j’ai intégré l’entreprise avec un poste de responsable RH. Quelques années plus tard on m’a proposé la direction du magasin toulousain. J’étais curieuse de tout ce qui se passait dans les points de vente mais, alors que j’étais maman de mes trois enfants, je me suis questionnée pendant quelques mois pour comprendre si j’étais capable de diriger un magasin avec 400 salariés, de sortir de ma zone de confort, de faire ce grand saut… Après cette appréhension, sans doute plus forte chez les femmes que chez les hommes, je suis partie pour cette direction opérationnelle. J’y suis allée avec beaucoup d’humilité en faisant savoir aux équipes que j’aurais besoin d’elles».
Emma Recco vit alors au rythme du magasin. «J’y ai appris beaucoup de choses et c’est un métier passionnant». Elle restera six ans à ce poste avant d’envisager une nouvelle étape de sa carrière. «Je me suis dit que c’était peut-être être le moment de diriger une fonction pour tout le pays». Cela tombe bien : un nouveau poste de direction de l’immobilier et de l’expansion vient de se créer. «J’ai saisi cette opportunité. L’entreprise recherchait un leader spécialisé dans le retail, pas forcément dans l’immobilier. Mais mon cursus de juriste m’a aidé».
La voici amenée à animer des équipes transverses, des spécialistes de l’ingénierie aux designers. « Il s’agit de mobiliser les bonnes personnes, de comprendre les blocages, de bien connaitre aussi l’opérationnel, les flux clients, de rencontrer les élus, les médias… ». Dans ses missions, il y a la gestion des projets liés aux implantations de grands magasins en périphérie, de sites logistiques, et la mise en œuvre de nouveaux formats plus adaptés aux nouveaux modes de consommation. L’enseigne installée en France depuis 1981 est en effet à un tournant. Elle est passée à un modèle multicanal et basculera dans l’omnicanalité en 2006 avec un premier site de vente en ligne. «Le groupe s’est alors ouvert à des formats plus urbains et citadins. Et j’ai eu la chance de développer un premier magasin Ikea City à Paris à la Madeleine. C’était un laboratoire, un format que nous avons testé, ré-agencé avant d’inaugurer d’autres formats de centre-ville comme Ikea Décoration rue de Rivoli. Je faisais partie d’un groupe de travail international et tout a été co-créé, analysé avec le siège».
Accompagner les équipes
Après ces six années passionnantes, Emma Recco se questionne à nouveau. «Qu’est ce qui m’anime ? De quoi ai-je besoin ? J’avais découvert le mode projet, je savais les faire avancer, les délivrer. Et on me propose alors une autre opportunité, un challenge que je vais accepter, celui d’accompagner les projets de transformation de l’entreprise à plusieurs niveaux : l’omnicanal, l’expansion, la RSE ou comment Ikea peut décarboner, aider les plus démunis, et la transformation c’est à dire tous les projets qui ont un impact sur l’organisation et les métiers, avec notamment les nouveaux outils digitaux». Emma Recco travaille avec le Project Management Office, le service qui s’occupe des processus de gestion projet et elle accompagne les équipes «pour les faire monter à bord».
Ses missions sont larges et touchent aussi à l’innovation. « J’ai par ailleurs un rôle de représentation à l’externe, auprès des politiques, des médias…. C’est une vue à 360 degrés de tout ce qui se passe dans l’organisation et c’est passionnant. On ne s’ennuie jamais. Je partage avec mes pairs, avec d’autres enseignes, et me nourris des événements comme le salon Paris Retail Week qui m’a choisie comme mentor pour le commerce omnicanal. Il faut avoir des antennes partout». A ce titre, elle a participé à la sélection des meilleures innovations pour la remise des Paris Retail Award. Membre du Comex d’Ikea France, Emma Recco a d’autres casquettes et représente l’enseigne dans différents organismes. Elle est membre des conseils d’administration Eco-Maison, de la CNEF (Confédération Nationale de l’Equipement du Foyer), de l’IPEA (Institut de Prospective et d’Etudes sur l’Ameublement) et est aussi membre du Conseil de développement territorial HAROPA Ports (Paris).
Faire preuve d’agilité
«Mon expérience de plusieurs années chez Ikea m’apporte de le sérénité. Je n’ai pas peur des échecs car je connais bien la maison. La clé pour le retail aujourd’hui est de faire preuve d’agilité, d’être rapide dans ses décisions, d’être pro-actif et d’aller à l’essentiel. Ikea est une entreprise familiale avec un mode de management nordique et nous avançons ensemble, pour développer de nouvelles idées. J’accompagne quatre directions et je leur fais confiance». Fin 2022, l’enseigne d’ameublement a inauguré à Paris la livraison par la Seine avec une barge qui relie Gennevilliers au port de Bercy. De nouveaux services omnicanaux, des points de retraits, des offres de rendez-vous avec des vendeurs à distance, ont été lancés, et la vente en ligne pèse aujourd’hui 20% du chiffre d’affaires.
Emma Recco ne sait pas encore quelle sera l’étape d’après. «Je ne suis pas pressée. J’ai encore beaucoup à faire. Je n’ai jamais été carriériste mais j’ai toujours eu des opportunités. Et je me fais confiance». Parce qu’une petite voix lui a toujours susurré «comment oses-tu ?», elle a suivi le parcours certifiant «Women Be Board Ready » de l’Essec et a développé son réseau. «J’ai eu dans ma carrière des «roles models », plutôt des hommes qui m’ont fait confiance. J’avais aussi le syndrome de la bonne élève, l’envie de bien faire». Dans son emploi du temps très chargé, Emma Recco garde un peu de temps pour elle, pour faire du sport, de la pâtisserie, se déconnecter à la campagne et recevoir ses amis… sa soupape.
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