Les managers lancent des initiatives pour réinventer et adapter les usages

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@clesdudigitalLa crise sanitaire qui a secoué toutes les organisations, aura aussi fait naitre quelques bonnes surprises, les entreprises dont les directions ont été mises à rude épreuve, ont manifesté de l’agilité, de l’audace et de l’engagement durant la période de confinement, comme le constate le cabinet EIM International.

Le cabinet EIM International spécialisé sur le management de transition, a interrogé les patrons d’entreprises, de tous secteurs et de tailles différentes, pour qu’ils témoignent de leur quotidien et dessinent le monde d’après. « Nous avons lancé cette étude intitulée « Day One » pour garder le lien avec les managers et les résultats sont assez inattendus. Nous pensions que c’était la fonction finance qui allait être sur-sollicitée et nous nous sommes rendus compte que ce sont d’abord les RH qui sont montées au créneau pour organiser le télétravail, le chômage partiel etc, mais aussi pour maintenir le lien avec les salariés, assurer la communication entre le Codir et  l’interne. Les patrons nous ont vanté ces nouvelles façons de travailler, cette agilité dans les prises de décisions », souligne Thierry Fournier, associé chez EIM. Toutes les entreprises interrogées par téléphone entre le 14 et le 22 avril 2020, soit 15 PME de moins de 100 M€ de CA, 13 ETI de 100 à 500 M€ et 5 entreprises de plus de 500 M€ ont placé les collaborateurs des fonctions support en télétravail, 95% ont mis certains salariés au chômage partiel et 70% ont incité leurs collaborateurs à poser des RTT ou des congés payés.

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Thierry Fournier

Plusieurs verbatims récoltés lors de cette enquête dénotent aussi l’implication des équipes. « Pour le télétravail, il n’y a pas eu d’abus sur le sujet, mais beaucoup de maturité et solidarité constatées parmi les équipes », déclare ainsi l’un des dirigeants interrogés. « Nous avons été surpris de l’engagement très fort des équipes au travail pendant le confinement », affirme un second. « Nous avons mis en place une cellule psychologique pour aider certains collaborateurs pendant cette période d’isolement. Très appréciée dans le principe », ajoute un autre manager. « La DRH a mis en place des Pop-up d’information, on a aussi des groupes WhatsApp et des vidéos Teams spontanées pour partager le quotidien hors réunions, apéro, petit-déj et garder les liens », témoigne encore un dirigeant. Thierry Fournier met en exergue la rapidité dans les prises de certaines décisions, à l’image de l’implantation d’un call center en cinq jours seulement dans une entreprise avec l’aide de la DSI, ou encore l’ouverture de magasins d’usines pour servir les particuliers en quelques jours. « Il est intéressant d’observer également que 90% des plans de sortie de crise sont élaborés en interne avec les équipes – ce qui est cohérent avec le sentiment d’avoir bâti une équipe soudée – et 45% en lien avec les actionnaires. Le recours à des conseils extérieurs est très minoritaire ».

Combativité conquérante de certains dirigeants

La finance, autre fonction clé pendant cette période a eu comme difficile mission de préserver le cash et de mettre en place des différents leviers proposés par l’État. « Les financiers ont travaillé d’arrache-pied sur des scénarios de trésorerie, sur de nouveaux business plans, sur les actions de réduction du BFR et de report de charges. L’étalement des charges sociales ainsi que la constitution d’un prêt garanti par l’Etat (PGE) sont les deux mesures plébiscitées respectivement par 67% et 33% des entreprises pour traverser la crise sanitaire. Elles sont également 18% à avoir obtenu de nouvelles lignes de crédit bancaires ou report d’échéances et 18% à avoir différé les paiements non vitaux, comme les loyers par exemple », notent les auteurs de cette enquête qui rapportent aussi la « combativité conquérante » de certains patrons en particulier dans les entreprises de plus petites tailles. Cinquante-huit pour cent des entreprises posent en priorité la relance de l’activité commerciale et des ventes. 33% souhaitent profiter  de cette période de flottement pour prendre des parts de marchés et 42% sont convaincus qu’il faut conquérir de nouveaux segments de clientèle ou se positionner sur de nouveaux produits. « Face à la crise, le dirigeant est plus que jamais un véritable chef d’orchestre, capable de rassurer, fédérer, coordonner, écouter les équipes mais également de donner une direction en faisant évoluer son organisation. Il devra poursuivre ce travail de rassemblement et de mobilisation et aussi affronter de nouveaux challenges parfois transversaux. S’il n’y a qu’un mot à retenir de ces dialogues c’est le volontarisme dont le dirigeant fait preuve, tout en étant conscient des enjeux à relever ainsi que des chantiers à prioriser ou des bonnes pratiques à mettre en place ».

entreprises agilité audace confinement @clesdudigitalL’urgence de digitaliser les processus

A partir de cette étude qualitative, les professionnels du recrutement et du management ont relevé sept priorités. « L’urgence immédiate est le retour au travail et la protection des collaborateurs tout en prolongeant aussi le télétravail qui s’est imposé dans les mœurs et les esprits. Car les plus résistants ont été obligés de s’y mettre et ont vu que la production était là ». Cinquante-huit pour cent des entreprises interrogées pensent que le télétravail va durablement s’installer dans notre quotidien. Une nouvelle fonction de « chief day one officer » est apparue afin de coordonner la reprise. Les entreprises qui ne vont pas redémarrer de suite (tourisme, transport aérien…) devront se restructurer.

L’autre urgence est de digitaliser les processus. « Tout le monde a compris l’importance de la dématérialisation et a du mettre en oeuvre dans l’urgence certains processus comme la signature électronique, qui ne leur apparaissaient pas comme une priorité jusque là ». « On ira plus loin dans les automates, l’IA et la digitalisation », affirme l’un des dirigeants interrogés. L’e-commerce qui a sauvé du naufrage quelques enseignes, est devenu un canal prioritaire dans lequel il faut investir. « Certains de mes clients était heureux d’annoncer que leurs volumes en ligne avaient bondi de plus 50% mais ils ont déchanté quand ils ont vu que d’autres avaient fait dix fois plus ». Les supply chain et les approvisionnements parfois trop dépendants de la Chine vont faire l’objet d’une remise en question. « Certains ont compris que relocaliser était une carte à jouer. Ce sont des réflexions globales sur les stocks, sur le management des risques, et sur la reconstruction de stocks minimums ».

Les DSI et les responsables de la supply chain montent au créneau

Certaines entreprises devraient aussi profiter de cette crise pour faire des affaires et racheter des concurrents. Vingt-cinq pour cent des managers interrogés songent à consolider leur secteur d’activité en participant à une action de « Build Up ». Enfin cette crise aura révélé les leaders et les insuffisances de certains learderships. « Il y aura des départs. Il faut des patrons à l’écoute, avec une vision, capables de prendre des risques et de donner du sens au travail de leurs collaborateurs ». Cette  crise a aussi révélé l’engagement des collaborateurs. « Ce qui est ressorti, c’est la posture des gens : les « Solaires » et les « Caliméro ». Les cavaliers seuls, les gens qui by-passent, ceux qui mettent la terre entière en copie… Ce que j’ai trouvé frappant, c’est la mise en avant du fonctionnement des gens en autonomie, certains se sont révélés, d’autres sont ingérables. Avec de vraies réflexions sur le lien hiérarchique, sur ce qu’est un vrai fonctionnement en équipe… A quoi je sers dans ce groupe de direction, dans ma fonction », raconte un manager. « Les CTO, les DSI qui ont fait un travail formidable, montent au créneau tout comme les responsables de la supply chain », estime Thierry Fournier.

Le retour à une activité pré-crise est prévu pour deux tiers des dirigeants interrogés, au cours du dernier trimestre 2020 (en excluant les entreprises en sur-activité qui suivront un chemin inverse de retour progressif à la normale en réduisant leur chiffre d’affaires). Les dirigeants qui prévoient un retour à la normale en 2021, sont ceux qui ont vécu un arrêt complet d’activité, et ceux qui travaillent en lien avec la distribution et la gestion de réseaux de points de vente y compris les aspects concernant la supply chain ou les paiements. « Mais ces réponses préalables à la déclaration du Premier Ministre du 28 avril seraient peut-être différentes aujourd’hui », souligne Thierry Fournier.

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