La transformation des modes de travail, enjeu phare de la jeune génération

Temps de lecture : 6 minutes

Les générations Y et Z ont des attentes @clesdudigital Dans sa nouvelle édition «Millennial Survey» Deloitte dresse le portrait des générations Y et Z et analyse aussi leurs attentes vis-à-vis des entreprises.

Chaque année, le cabinet Deloitte publie une vaste étude sur les attentes des jeunes générations et leur regard sur le monde qui les entoure. En 2020, elle a pris la forme de deux enquêtes, l’une menée en décembre 2019 auprès de plus de 18 400 répondants issus de 43 pays dont 800 de France et la seconde initiée au plus fort de la crise de la Covid-19 en mai dernier auprès de plus de 9100 répondants de 13 pays dont 800 de France. Le comportement de ces Millennials – aussi appelés génération Y et génération Z – partageant des expériences de vie commune, permet de comprendre et d’anticiper les évolutions sociétales à venir.

«Alors que l’année dernière, notre étude révélait une génération pessimiste et anxieuse, les résultats de cette année soulignent, assez curieusement, que la crise sanitaire ne semble pas avoir exacerbé ces tendances. Plus encore, les résultats de notre deuxième enquête réalisée en mai dernier révèlent que les niveaux de stress des personnes interrogées étaient bien plus bas au pic de la crise sanitaire que quelques mois auparavant», souligne Mohamed Lahmoudi, consultant confirmé Organization Transformation, ajoutant «qu’il est encore tôt pour mesurer les effets à long terme de la crise du Covid-19 sur les différents aspects de notre quotidien».

Les questions environnementales en première ligne

Ces enquêtes révèlent aussi quelles sont les priorités de ces jeunes générations vis-à-vis notamment des entreprises. Sans surprise, les questions environnementales sont en première ligne. «Plus que jamais, l’entreprise est appelée à la fois à réduire son empreinte écologique et à inscrire de forts engagements sociétaux au cœur de sa stratégie. L’entreprise sociétale est une notion qui tend à s’imposer depuis environ quatre ans», déclare Franck Chéron, associé Capital humain, Workforce Transformation.

Les questions liées à la protection de l’environnement se sont fortement imposées partout dans le monde ces dernières années. En France, le sujet arrive même en tête des préoccupations de la jeune génération. Il a animé de nombreux débats et mobilisations rassemblant différentes parties prenantes de la société civile. «Au cœur de ces mobilisations, la jeune génération s’est montrée particulièrement engagée et a manifesté sa volonté de faire évoluer les mentalités et de mettre en œuvre des actions concrètes pour protéger l’environnement et la biodiversité sur terre».

Plusieurs figures symboliques, militants engagés les ont incarnés, à commencer par la jeune militante suédoise Greta Thunberg. Paradoxalement, l’arrivée de la crise sanitaire a dessiné un espoir de renouveau selon ce rapport. «Alors que, de manière aussi soudaine qu’imprévue, la marche du monde s’est ralentie, des signaux ont commencé à passer au vert – réductions des émissions de gaz à effet de serre, amélioration de la qualité de l’air, répit pour bon nombre d’espèces vivantes… Un bénéfice écologique de court terme certes, mais qui redonne espoir en notre capacité à avoir un impact concret sur notre biosphère et inverser la courbe du réchauffement climatique. A la question de savoir si la situation du monde est irréversible, la jeune génération s’est montrée plus optimiste lors de notre deuxième sondage, mené en pleine crise sanitaire mondiale, que lors du premier sondage réalisé quelques mois auparavant», notent les auteurs.

Ces résultats sont toutefois à nuancer car seulement un tiers de cette même génération se montre optimiste par rapport aux efforts menés actuellement et à leur capacité à protéger l’environnement, et deux tiers d’entre eux estiment que les entreprises et les pouvoirs publics dé-prioriseront les initiatives de lutte contre le réchauffement climatique une fois la crise sanitaire passée.

«Des chiffres qui traduisent le scepticisme de la nouvelle génération face à l’action des entreprises et des pouvoirs publics et qui soulignent l’importance de continuer à mener des efforts à tous les niveaux».

Une dynamique de changement semble cependant enclenchée. 73% de la jeune génération déclare qu’elle continuera à faire évoluer ses comportements pour limiter les impacts sur l’environnement. «Un sens des responsabilités largement souligné lors de notre deuxième enquête où près de deux tiers (66%) des interrogés estiment que la crise sanitaire les a rendus plus engagés vis-à-vis du monde, et qu’ils ont l’intention de s’engager encore davantage une fois les restrictions levées», analysent les auteurs du rapport .

Les générations Y et Z ont des attentes @clesdudigitalLe télétravail comme réducteur de stress

Lors du deuxième sondage réalisé en mai 2020 le bien-être de leurs familles était l’objet d’une préoccupation bien plus importante des jeunes que lors du premier sondage réalisé quelques mois auparavant, où travail et opportunités de carrière étaient les priorités. Mais curieusement, et alors que la jeune génération souligne avoir globalement mal vécu la période de confinement, les résultats du sondage de mai 2020 révèlent un état d’anxiété légèrement moins important pendant la crise sanitaire, surtout pour la génération Y. Un résultat qui pourrait s’expliquer par l’émergence du télétravail à cette période.

«Nos entreprises ont-elles su s’adapter aux différentes évolutions de la société, et plus spécifiquement, ont-elles su s’adapter aux aspirations de nos jeunes générations au travail ? Nul doute que l’entreprise est aujourd’hui plus que jamais attendue par notre jeune génération sur une multitude de sujets au cœur de la transformation de notre monde»

Phygital, télétravail, développement d’outils digitaux collaboratifs, une multitude d’évolutions ne cessent de bousculer les entreprises et s’imposent comme des sujets de fond. La transformation des modes de travail est depuis plusieurs années l’un des enjeux phares de la jeune génération, comme en témoignent aussi les éditions précédentes des «Millennial Surveys». Sur la question du télétravail par exemple, plus des deux tiers des générations Y et Z interrogées lors de cette étude estiment qu’il permet de réduire le stress et de mieux concilier vie professionnelle et vie privée. 62% aimeraient continuer à télétravailler après la crise sanitaire et pouvoir vivre à l’extérieur des grandes villes. Et près de sept personnes sur dix ont déclaré que la possibilité de travailler à domicile à l’avenir et d’éviter les trajets domicile-travail, permettrait de réduire le stress.

«Cela signifie-t-il que le travail de demain se fera à distance ? Restons prudents ! Bien que les sujets de transformation des modes de travail s’imposent aujourd’hui comme des leviers essentiels pour à la fois s’adapter à la crise sanitaire et permettre aux collaborateurs d’avoir un meilleur équilibre de vie, encore faut-il que chaque entreprise accompagne ces évolutions. En effet, réussir sa transformation nécessite de repenser l’équation entre les différents modes de travail – présentiel, télétravail, tiers-lieux, coworking, nouveaux outils et pratiques de travail… pour trouver l’équilibre qui convient le mieux à son organisation ».

Les générations Y et Z ont des attentes @clesdudigitalPlus d’engagement sociétal

Selon les auteurs de l’étude, un bon équilibre permettrait à la fois d’améliorer l’expérience collaborateur, de s’adapter aux impératifs sanitaires et de maintenir le lien social en entreprise, aspect qui reste toujours aussi central pour générer un sentiment d’appartenance, d’engagement et de performance. «Au-delà de la transformation des modes de travail, notre étude souligne une très grande attente des nouvelles générations vis-à-vis des entreprises en matière d’engagement sociétal. En effet, seulement 29% des répondants à notre enquête réalisée en mai 2020 estiment que l’entreprise a un impact positif sur la société, un chiffre qui enregistre une chute conséquente de 10% par rapport à notre enquête initiale réalisée en décembre 2019».

Depuis quelques années, les entreprises accélèrent et multiplient leurs engagements sociétaux, jusqu’à inscrire les sujets de raison d’être au cœur de leurs stratégies, et ce quelles que soient leurs tailles ou leurs industries. «Start-ups « Tech For Good », entreprises « à mission », tout un nouvel écosystème d’entreprises met sa pierre à l’édifice pour contribuer à une meilleure planète, s’adapter aux attentes de nouveaux clients et aux aspirations des collaborateurs». L’engagement sociétal des entreprises doit se penser aujourd’hui comme une nouvelle réalité où performance économique et impact positif sur le monde ne sont pas nécessairement antinomiques. «Plus que jamais, repenser son business model devient un enjeu crucial pour assurer la pérennité de son entreprise dans un monde de plus en plus incertain», ajoute Franck Chéron.

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