Le mouvement Emmaüs se déploie aussi en mode digital

Temps de lecture : 4 minutes

la technologie peut se mettre au service de la solidarité @clesdudigitalLa technologie peut se mettre au service de la solidarité, c’est ce que veut démontrer Emmaüs présent pour la seconde fois au salon VivaTech.

Le mouvement Emmaüs fondé il y a 70 ans par l’Abbé Pierre vit avec son temps et accélère sa transition numérique. Dès 2016 il a lancé la marketplace Label Emmaüs, un site multi-vendeurs à but non lucratif, dirigé par Maud Sarda. Le catalogue de cette place de marché est alimenté par 160 structures de l’Économie Sociale et Solidaire (Emmaüs, Envie, Ressourceries, Croix-Rouge, Tissons la solidarité, Territoires zéro chômeur de longue durée, Artisans du Monde…). Il a enregistré un chiffre d’affaires de 3,2 millions en 2021 contre 2,2 millions en 2020, a levé au total 3,5 millions d’euros en parts sociales et 1200 sociétaires «lui font confiance» comme l’a expliqué Emma Varichon, chargée de communication Plaidoyer et également graphiste venue présenter le positionnement du site sur le salon Vivatech. «L’humain est au cœur de notre stratégie. Nous sommes dans un secteur très concurrentiel et notre business modèle s’adapte au changement d’échelle. Nous avons du expérimenter à chaque étape de note développement. Il y a six ans, on nous avons prédit que nous n’aurions pas pu former les personnes en insertion sociale au digital. Aujourd’hui  57 personnes travaillent sur ces projets, tous salariés en insertion. Nous construisons tout ensemble».

la technologie peut se mettre au service de la solidarité @clesdudigitalNouveau canal pour les vendeurs solidaires

Plusieurs centaines ont été formées à toute la chaîne de valeur d’une activité de e-commerce, du shooting photo produit à la gestion des expéditions, en passant par la rédaction web, la gestion d’un back-office et le colisage via l’école de la coopérative labellisée Grande École Numérique. Le site a lui-même été développé sur un socle technologique conçu en interne. «Nous avons du construire une plateforme « user friendly » et l’équipe technique réunit quatre personnes». Le site propose un catalogue de 1,8 million d’articles issus du réemploi, reconditionnés, customisés ou créés à partir de matière recyclée et il a attiré quelques 41 000 clients en 2021 qui ont dépensé un panier moyen de 37 euros. «C’est aussi un nouveau canal pour nos vendeurs solidaires qui peuvent proposer leurs articles sur d’autres marketplaces. Ce sont des structures d’insertion que nous rencontrons régulièrement et qui luttent pour l’économie circulaire. Nous avons mis en place des critères pour les sélectionner comme la nécessité de partage des mêmes valeurs, d’avoir une labellisation d’insertion.  Aujourd’hui 9,2 clients sur dix sont satisfaits de leur expérience sur le site».

Une volonté d’essaimer sur tout le territoire

Pour gérer et alimenter le catalogue conséquent, deux plateformes logistiques ont été déployées en Seine Saint Denis dans le Lot et Garonne. «Notre stratégie est d’essaimer sur le territoire et nous espérons ouvrir cinq nouvelles plateformes d’ici cinq ans». Le mouvement poursuit par ailleurs le développement de son réseau physique avec, par exemple, l’ouverture d’une librairie dans le 20ème arrondissement à Paris pour les livres qui n’ont pas trouvé preneur en ligne. Une prochaine ouverture de point de vente est programmée en juillet dans le centre de Paris.

la technologie peut se mettre au service de la solidarité @clesdudigitalLe succès du modèle repose sur la co-création et le partage des pouvoirs. «Il faut accepter que des personnes en insertion accèdent à des postes hiérarchiques». Ce modèle coopératif s’est aussi doté d’un comité d’éthique et il adhère aux Licoornes, rassemblement de neuf sociétés coopératives d’intérêt collectif (SCIC) dont le but est de répondre aux besoins essentiels des citoyens. «A plusieurs nous sommes plus forts. Nous partageons nos compétences et souhaitons porter notre modèle haut et fort».

Le mouvement n’hésite pas à interpeller sur les réseaux sociaux les géants comme Amazon sur ses rejets de gaz à effet de serre, mais aussi Zalando avec son système d’essayage avant l’achat et de retours gratuits, ou encore Vinted, qu’il accuse «d’encourager un comportement addictif». Plusieurs marques auraient déjà répondu à ses appels. «Alors que la seconde main rime de moins en moins avec solidarité, ni parfois même avec éco-responsabilité, Label Emmaüs souhaite valoriser en ligne les fondements du mouvement Emmaüs, dont l’activité de récupération permet depuis 70 ans à des personnes exclues de trouver une place dans notre société», déclare le mouvement Emmaüs qui a par ailleurs déjà noué des partenariats avec des marques. Celles-ci lui donnent leurs invendus neufs, font du mécénat de compétences, ou lui offrent de la visibilité. L’été dernier, sa plateforme de financement participatif Trëmma, qui propose une alternative aux sites de vente entre particuliers, a été mise en scène dans une vitrine du BHV marais et du BHV Parly 2. Des objets et vêtements de seconde main étaient présentés dans les vitrines et des QR code permettaient aux passants de les acheter.

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