La 9eme édition du salon Vivatech, le plus grand événement européen dédié aux startups a battu un nouveau record de fréquentation et, sans surprise, a placé l’IA en tête d’affiche.
Plus de 180.000 visiteurs et 14.000 startups ont été dénombrés au dernier salon VivaTech. Un nouveau record selon les organisateurs et une édition marquée par les sujets de l’IA, omniprésents, et de la souveraineté numérique. «Une 9ème édition désormais aussi crédible qu’un CES dont il ne s’agit pas juste d’une version européenne grâce à une visibilité de plus en plus globale et une présence très visible cette année des pays du Golfe. Moins de gadgets (buzz injustifié pour les lunettes Meta RayBan) et plus de services malgré les shows très innovants et médiatiques des marques françaises iconiques comme LVMH ou L’Oréal», résume Thomas Husson, vice president, principal analyst chez Forrester, dans un post sur Linkedin, citant également les «très nombreuses solutions durables et d’acteurs innovants dans la mobilité, l’énergie ou l’IT.»
Nouveaux partenariats avec Nvidia
Pendant quatre jours, du 11 au 14 juin, les conférences et les annonces se sont succédé. La scène centrale a accueilli plus de 450 intervenants internationaux. Quelques 171 nationalités ont été représentées, avec des exposants de plus de 120 pays présents, plus de 50 pavillons nationaux (+20% par rapport à 2024). Nvidia, leader mondial des semi-conducteurs destinés à l’intelligence artificielle, a annoncé un partenariat stratégique avec Mistral AI et avec L’Oréal. Le spécialiste de la beauté et son écosystème de partenaires s’appuieront sur la plateforme Nvidia AI Enterprise «pour accélérer le développement et le déploiement de solutions IA, telles que le rendu 3D à grande échelle des produits du groupe.» Les deux entreprises collaborent d’ores et déjà sur les projets «Creaitech» plateforme propriétaire d’intelligence artificielle générative du groupe L’Oréal pour le développement de rendus 3D, et avec Noli (No one like I) start-up fondée et soutenue par le groupe et agissant comme un conseiller beauté personnalisé grâce à des diagnostics et des outils d’IA.
Les innovations récompensées par LVMH
Les technologies d’IA, qu’elles soient génératives, prédictives, étaient cette année présentes chez plus de 40 % des exposants. Sur le pavillon du Canada, pays de l’année de VivaTech, et premier pays à avoir lancé une stratégie nationale en IA, elles étaient 170 à dévoiler leurs innovations à l’instar de Trusting Pixels dont le logiciel détecte les contenus retouchés des influenceurs et des créateurs. Chez LVMH, plusieurs solutions optimisant l’expérience client grâce à l’IA étaient également exposées, et 13 d’entre elles ont été nommées pour le LVMH Innovation. Cette année, le groupe a récompensé trois partenaires technologiques dont Kahoona, start-up américaine spécialisée dans l’expérience client en ligne qui détecte en temps réel les préférences des visiteurs et travaille avec Dior. Genesis, qui propose une plateforme numérique basée sur la donnée pour surveiller et améliorer la santé des sols, a été nominée pour sa collaboration avec Moët Hennessy. Omi, qui développe un outil de génération de photos et de vidéos 3D pour les marques dont Guerlain, a également reçu le prix de la start-up la plus prometteuse. La jeune pousse déjà présente en France, aux États-Unis et en Europe revendique un millier de clients.
L’arrivée des magasins intelligents et connectés
La retail tech était bien représentée notamment avec Vusion qui en tant que partenaire platinum du salon avait réservé un vaste stand. Le fournisseur a profité de cette audience internationale pour dévoiler sa nouvelle plate-forme Vusion IoT dédiée au commerce physique (comprenant un infrastructure de communication IoT ultra basse consommation, des écrans couleur E-paper et TFT haute résolution, la connectivité avec des capteurs comme le NFC, le flash à très haute vitesse, la reconnaissance d’image et l’analyse des données). Il a également organisé une conférence intitulée « Powering Stores with Data and AI» animée par Thierry Gadou, CEO du groupe et Emmanuel Grenier, directeur e-commerce, data et transformation digitale de Carrefour, qui ont partagé une conviction commune : le magasin physique est désormais le pilier de l’e-commerce. «Aujourd’hui, 90 % de nos ventes passent toujours par les magasins», a rappelé Emmanuel Grenier.
Pour Carrefour, près de 70 % des commandes en ligne sont préparées en point de vente. Cette hybridation des canaux pousse les enseignes à repenser l’expérience client et la logistique au plus près du terrain. L’objectif : un commerce plus rapide, plus local, plus durable. «Les magasins deviennent des actifs data majeurs», affirme Thierry Gadou, en évoquant une décennie à venir marquée par l’automatisation, la traçabilité et une personnalisation accrue du parcours d’achat.
Cette transformation prend corps avec « EdgeSense », plateforme de VusionGroup qui équipe les rayons de rails intelligents capables d’alimenter caméras, capteurs et étiquettes électroniques, pour collecter en temps réel des données sur les stocks, les prix, la température, ou encore le trafic en rayon. Déployée dans tous les magasins Walmart aux États-Unis, cette solution arrive désormais en Europe, Carrefour étant le premier distributeur à l’adopter. Ces technologies sont actuellement testées dans un magasin pilote, l’hypermarché Carrefour de Villabé où environ 70 000 étiquettes électroniques, 500 caméras et 7 000 rails EdgeSense ont été installés. Au croisement de l’IA, de l’IoT et du retail media, Carrefour et VusionGroup esquissent un futur où le magasin n’est plus un simple lieu de vente, mais une plateforme de services intelligents et de données en temps réel.
L’essayage virtuel franchit un pas de géant
Amazon Web Services (AWS) présentait pour sa part son concept de vitrine virtuelle permettant aux clients d’essayer une tenue grâce à une projection sur une vitrine. Parmi d’autres innovations, Perfect Corp dévoilait sa cabine d’essayage virtuelle «AI Clothing Try-On» et «AI Fabric Changer» basés sur l’IA générative. «Les utilisateurs peuvent télécharger une simple photo pour essayer différentes tenues, tissus et styles avec une précision ultra-réaliste, sans échantillons physiques ni modèles 3D. Le système s’adapte intelligemment à toutes les morphologies et reproduit les textures des tissus avec un réalisme saisissant, de la soie au denim en passant par le velours. Grâce à l’API YouCam Online Editor, les marques peuvent facilement intégrer cette expérience d’essayage virtuel à leurs sites web et applications. »
Le groupe a également présenté ses expériences d’essayage virtuel pour les accessoires de mode avec Wanna et une visionneuses 3D pour les bijoux, les montres et les sacs qui permet aux utilisateurs de faire pivoter et d’examiner chaque article en détail dont nouveau widget «Volume Intérieur de Sacs». Sous le pavillon de la Corée du Sud, la start-up Fliption génère automatiquement des images de mannequins IA de diverses ethnies, types de corps et groupes d’âge portant le produit à partir d’une photo. La jeune pousse a ouvert un bureau à New York pour conquérir le marché nord-américain en participant notamment aux événement de Shopify.

Un peu de mode plus durable
Si intelligence artificielle s’est imposée comme la star de VivaTech 2025, le sujet de la durabilité était tout de même représenté par quelles startups, notamment dans l’univers de la mode responsable. Sept d’entre elles ont pitché lors d’une session baptisée «Fashion Future Forecast» animée par The Good Goods. Parmi elles Livetrend, solution d’analyse de tendances et de marché pour la mode, Prolong, Save Your Wardrobe, Losanje, spécialiste européen de l’upcycling textile, qui développe des technologies de découpe automatisé de vêtements, ou encore Reekom. Cet acteur du re-commerce fondé en 2022 a annoncé une levée de fonds 4,5 millions d’euros quelques jours avant le salon. La jeune pousse réceptionne, contrôle, détache, désinfecte, lave, répare et prend en photo tout type de pièces à revaloriser en vue de leur remise en marché et compte parmi ses clients Bonne Gueule, Paradigme, CAMIF, Veepee.
Sur le stand de Business France des jeunes pousses étaient aussi mises à l’honneur et tous les acteurs de la French tech ont été salués par Clara Chappaz, ministre déléguée au Numérique et à l’IA, qui n’a pas été avare en matière de selfies. Elle a, par ailleurs, officialisé la naissance du Conseil national de l’IA et du Numérique (CIAN) qui prend le relai du Conseil national du numérique. Cette instance consultative indépendante sera co-présidée par Anne Bouverot, présidente du conseil d’administration de l’École normale supérieure (ENS) et co-fondatrice la Fondation Abeona, pour un développement responsable de l’intelligence artificielle, et par Guillaume Poupard, directeur général adjoint de Docaposte et ex directeur de l’Agence Nationale de la Sécurité des Systèmes d’Information (ANSSI). La ministre a également annoncé un plan «Osez l’IA» a destination des plus petits acteurs. Un appel à l’action réitéré depuis le stand Bpifrance lors d’une table ronde réunissant Nicolas Dufourcq, directeur général de Bpifrance, Audrey Bourolleau, fondatrice de Hectar et Jean-Pierre Farandou,PDG du groupe SNCF. Si «l’IA est partout» devient le buzzword ou le hashtag du moment, l’intelligence artificielle n’a pas encore conquis toutes les entreprises.
La prochaine et dixième édition de VivaTech se déroulera du 17 au 20 juin 2026.
Catherine Petit avec Jean Luc Raymond
Je souhaite lire les prochains articles des Clés du Digital, JE M’INSCRIS A LA NEWSLETTER
Laisser un commentaire