Les bons outils technologiques ne suffisent pas à organiser le télétravail

Temps de lecture : 4 minutes

le télétravail est devenu une exigence @clesdudigitalAvec la crise sanitaire, le télétravail n’est plus une expérience, il est devenu une exigence dans de nombreux pays. Cette organisation facilitée par la technologie est loin d’être habituelle pour tous et ne doit pas faire oublier les besoins de reconnaissance et de travail collectif.

Selon une étude mené par OnePoll pour le compte de Citrix Systems, fournisseur d’outils de collaboration et de services cloud, une majorité d’employés dans le monde entier s’adaptent à ce mode de travail à domicile et pensent qu’il deviendra une nouvelle norme. Pourtant le travail à distance n’est pas une activité habituelle. « Il représente une toute nouvelle façon de penser et de travailler et peut être un ajustement difficile à faire pour les employés et les employeurs », estime Donna Kimmel, chief people officer chez Citrix. En moyenne moins de la moitié des plus de 10 000 travailleurs interrogés dans six pays ont indiqué qu’ils travaillaient à domicile au moins un jour par semaine avant l’épidémie de coronavirus. Mais ces habitudes varient fortement selon pays. En France, ils sont 26 % à l’avoir affirmé contre 45% au Royaume-Uni, 42,6 % en Allemagne et 22,1 % en Italie.

Les principaux défis à surmonter cités par les répondants dans tous les pays sont l’isolement par rapport aux collègues, le manque d’interactions en face à face, la difficulté à séparer le travail et la vie personnelle et la capacité à rester productif. Néanmoins la majorité des employés pensent qu’avec les bons outils, ils peuvent rester engagés et être aussi ou plus productifs en travaillant à la maison qu’au bureau. Plus de 60% des Français interrogés ont déclaré travailler le même nombre d’heures ou plus, 76,2 % des Allemands, 70,8 % des Italiens, 68,2 % des Anglais. Et plus de la moitié des pays ont déclaré que leurs niveaux de productivité étaient identiques ou supérieurs (62,9 % en France, 74,2 % en Allemagne, 78,9 % en Italie, 62,7 % au Royaume-Uni). «Vous pouvez avoir la meilleure technologie du monde, mais si vous ne fournissez pas aux employés les ressources nécessaires pour les aider à s’adapter, ils ne l’utiliseront pas », explique cependant Donna Kimmel ajoutant qu’il faut miser sur le partage de conseils pour mettre en place un bureau à domicile et proposer une offre d’horaires flexibles pour s’adapter aux responsabilités familiales.

« Il s’agit aussi d’exploiter les applications de vidéoconférence et de chat pour enrichir les communications. De concevoir un bureau virtuel où les employés peuvent rendre visite à leur responsable comme ils le feraient s’ils étaient dans un lieu physique pour poser des questions ou simplement se défouler ».

Ces prises en compte en matière d’organisation du télétravail sont d’autant plus importantes que selon une étude menée par Opinionway pour le cabinet conseil en qualité de vie au travail Empreinte Humaine auprès de 2 000 salariés français, 44% d’entre eux se sentent aujourd’hui en situation de détresse psychologique. C’est 10 points de plus qu’avant le confinement. Ce sont d’abord les femmes qui déclarent souffrir de leurs conditions de télétravail en temps de confinement : 22% contre 14% chez les hommes. Beaucoup peinent aussi à trouver un endroit où travailler dans de bonnes conditions. Seuls 45 % des salariés interrogés peuvent s’isoler toute la journée si besoin. Environ 60 % travaillent dans leur salon, et 25 % dans une pièce fermée qui n’est, initialement, pas prévue pour le travail, comme une chambre. C’est à leurs collègues immédiats et à leurs chefs de service, les N 1, que les salariés interrogés se disent d’abord reconnaissants. Des managers sous pression eux aussi : ils sont 20 % à vivre une détresse psychologique élevée. « Il y a un besoin de reconnaissance, un besoin de coordination et de travail collectif », estime Christophe Nguyen, président d’Empreinte Humaine et psychologue du travail interrogé sur ce sujet par France Inter.

Beaucoup d’entreprises font cependant de gros efforts pour à la fois pérenniser leurs activités pendant cette période et garder le lien avec leurs équipes. C’est le cas de la scale up spécialiste du marketing en point de vente Cenareo qui avait déjà mis en place cette organisation avant l’annonce du confinement. « Il a donc été facile pour l’entreprise de s’adapter et l’ensemble des salariés avaient déjà tous les outils nécessaires. Les équipes RH et IT étaient mobilisées dès les premiers signes avant-coureurs pour aider les salariés à se préparer à une longue période de télétravail. Le confinement avait été anticipé dès l’annonce des fermetures des écoles où tous les salariés avaient été mis en télétravail. Chacun a donc pu quitter le bureau avec le matériel nécessaire à un bonne installation : écran supplémentaire, casque, clavier », explique l’entreprise qui a dû mettre une partie de l’équipe au chômage partiel mais a néanmoins décidé de maintenir 100% des salaires. Pour continuer à fédérer les équipes et maintenir le lien, de nouveaux rituels ont été instaurés : courte visio-conférence chaque matin afin de se dire bonjour, partager les informations clés, les bonnes pratiques ou encore l’avancement des projets, puis session jeu (Pictionnary, Dixit…) à l’heure du déjeuner pour ceux qui le veulent pendant 30 min où les enfants des collaborateurs sont les bienvenus. Un canal de discussion thématique (channel) Slack « Fun Remote Working » a également été ouvert pour partager des moments de détente (team chausson ou chaussure ? moments insolites de son weekend). « Il nous a semblé important de mettre en place de nouveaux outils, de nouveaux rituels pour motiver nos équipes et surtout pour qu’ils ne ressentent pas la solitude derrière leur ordinateur. C’est une période inédite, il y aura un après confinement et les collaborateurs doivent sentir le soutien de leur entreprise ». explique Marion Fouquet, responsable des ressources humaines. Pour prendre les bonnes décisions de manière rapide et efficace, les managers se réunissent en comité de pilotage une fois par semaine. « Nous avons pris en considération toutes les dispositions proposées par le gouvernement pour sécuriser l’entreprise même au-delà de la crise. Nous avons recentré nos objectifs d’entreprise et de business unit sur du travail de fond pour tirer profit de la crise et nous préparer à l’après » explique Stéphaine Bernat, vice-présidente marketing et communication chez Cenareo.

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