Lucie Basch : le besoin d’agir vite et de transmettre

Temps de lecture : 4 minutes

une application contre le gaspillage @clesdudigitalAprès avoir démarré sa carrière dans l’agro-alimentaire au Royaume-Uni et avoir pris conscience du gaspillage de cette industrie, Lucie Basch a co-fondée Too Good To Go, une application aujourd’hui déployée dans une quinzaine de pays.

Bonne élève, Lucie Basch avait le choix des filières à la sortie du lycée. Elle opte alors pour des études d’ingénieur «qui lui offrent davantage d’opportunités qu’un cursus littéraire», estime-t’elle. Sans trop savoir ce qu’elle veut faire, cette hyperactive passe de la prépa scientifique à Centrale Lille, et terminera sa dernière année en se spécialisant dans la supply chain. Les process, les circuits et chaines de production qui l’intéressent fortement sont les prémices de sa future aventure entrepreneuriale. Elle effectuera d’ailleurs son stage de fin d’études chez Amazon «avec envie de savoir à quoi ressemblait cette entreprise innovante et américaine ».

La volonté de mesurer l’impact écologique et social du gaspillage

Après avoir terminé ses études au Royaume-Uni où elle obtient un master en logistique elle est recrutée par Nestlé Waters comme chef de projet. Elle sera chargée notamment d’améliorer l’efficacité de la production d’une usine pour économiser des millions de bouteilles chaque année. Pour cette ingénieure qui déteste le gaspillage et qui «a toujours adoré la nourriture», l’expérience est enrichissante et formatrice. C’est aussi pendant cette période qu’elle prend conscience de l’ampleur du gâchis alimentaire. «Chez Nestlé réduire ce gaspillage était directement lié aux résultats financiers. Je me suis intéressée de plus près aux chiffres. 40% des produits alimentaires sont jetés dans le monde chaque année. Moi, ce qui m’importait, c’était plutôt l’impact écologique, social ».

Lucie Basch décide alors de démissionner pour se consacrer à son projet et à ce qui deviendra quelque temps plus tard Too Good To Go. «J’avais cette idée et je me suis inspirée du modèle Colibri. Plutôt que de ne rien faire, il est possible d’agir si chacun s’y met». Elle découvre l’économie collaborative et l’entrepreneuriat social lors d’un séjour à Oslo en Norvège au sein de l’organisation Open Food Network. Elle se rend compte aussi qu’elle n’est pas la seule à avoir cette idée d’application anti-gaspillage. D’autres entrepreneurs ont démarré des projets similaires. «J’ai donc décidé de me joindre à eux. Nous étions huit, de différentes nationalités, danoise, norvégienne, anglaise.. »

une application contre le gaspillage @clesdudigitalLa plateforme mettant en relation les commerçants et les particuliers afin que les invendus de la journée ne soient pas jetés est d’abord lancée en Scandinavie où Lucie Basch s’est installée. Mais en février 2016 la loi Garot contre le gaspillage alimentaire est votée en France. Elle oblige, par exemple, les grandes surfaces à faire don de leurs invendus à une association ou interdit la destruction volontaire de denrées alimentaires encore consommables. «Je suis rentrée en France, un pays aussi beaucoup plus grand que la Norvège en nombre d’habitants et donc plus porteur pour notre application». Lucie Basch, qui se retrouvera seule aux commandes, lance officiellement l’application Too Good To Go dans l’Hexagone en juin 2016.

Depuis son entreprise a beaucoup grandi avec le soutien des consommateurs, la participation des commerçants indépendants et de grande enseignes. En octobre 2019, pour aider les consommateurs à aller plus loin, Lucie Basch publie «le Guide Anti-Gaspi», coécrit avec Rose Boursier-Wyler. En janvier 2020, pour engager les entreprises à mieux gérer les dates de consommation et ainsi réduire les 10% de gaspillage qui leur sont attribuées en Europe, elle porte, à travers Too Good To Go, le pacte sur les Dates de Consommation signé par une soixantaine d’acteurs de la filière alimentaire.

En 2021, Too Good To Go a levé 25,7 millions d’euros, dont 8 millions réalisés auprès de Blisce, le fonds d’Alexandre Mars, entrepreneur et philanthrope français. Lucie Basch s’installe aux États-Unis pendant deux ans pour déployer l’application dans une quinzaine de villes du pays. En parallèle, Too Good To Go poursuit son aventure au Canada, en Irlande. En 2022, de retour en France, elle lance avec Too Good To Go, Yuka, C’est qui le patron et sept autres organisations le collectif de l’alimentation durable pour tous, composé de représentants de citoyens engagés dans des structures privées à impact, des associations et «Mon école anti-gaspi», un programme de sensibilisation au gaspillage alimentaire pour les écoles primaires, avec des outils pédagogiques pour donner aux enfants les bons réflexes dès le plus jeune âge.

une application contre le gaspillage @clesdudigitalUn intérêt pour les sujets de l’écologie et de la transmission

Désormais l’application est active dans 17 pays. En 2021, elle annonce avoir sauvé plus de 52 millions de repas dans le monde et 100 millions de paniers. Lucie Basch occupe désormais le poste de chief expansion officer et la présidence de l’entreprise a été confiée à Mette Lykke, une «serial entrepreneuse», passée par le cabinet McKinsey, à l’origine de Endomondo Sports Tracker, un réseau social de fitness, racheté par Under Armour et qui «apporte à l’entreprise une vision à long terme». La cofondatrice a un peu «levé le pied». «Je fais des semaines de 60 heures au lieu de 80», ironise-t-elle. «Je veux prendre aussi plus de temps pour me consacrer à d’autres sujets que le gaspillage alimentaire. Il y a plein de choses à faire en matière d’écologie et de transmission et nous avons désormais une super-équipe. Pour la première fois je peux me permettre de lâcher prise». Car ce qui passionne Lucie Basch, c’est d’abord «rencontrer des gens», c’est s’attaquer aussi à la compréhension de sujets complexes. «Ma conscience écologique a grandi avec ce projet», raconte la dirigeante qui veut avant tout que ses actions aient de l’impact pour aujourd’hui et demain.

Sacrée Entrepreneure sociale de l’année 2020 par le BCG, Lucie Basch a également été citée en 2020 par le magazine Challenges parmi «les 100 femmes qui changent le monde».

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