Feliana Citradewi : une multi-diplômée à la fibre entrepreneuriale

Temps de lecture : 5 minutes

groupement de commandes en ligne @clesdudigitalFeliana Citradewi est la fondatrice de LiVert, un service de groupement de commandes en ligne. Cette multi-diplômée retrace son parcours, marqué par sa volonté de rendre les livraisons moins coûteuses tout en réduisant leur empreinte carbone.

D’origine indonésienne, Feliana Citradewi suivra au lycée un cursus scientifique, sous la pression de ses parents, «comme souvent dans les pays asiatiques», précise-t-elle. La jeune femme décide de déployer son énergie dans la préparation de concours «nationaux de business» et comprend que sa réussite dépend de l’adéquation de son projet avec ses envies. Expatriée en Angleterre avec un ami, elle obtient ensuite le concours national d’éloquence en anglais du British Council et prend la décision de rester dans le pays de Shakespeare. Le coût de la vie y est toutefois un frein majeur. Sans compter que son certificat indonésien n’y est pas reconnu. Son beau-père lui propose alors de venir en France, où l’université était encore gratuite pour les étudiants étrangers. Elle s’installe dans l’Hexagone où elle apprend le français à Avignon, puis s’inscrit en fac de droit. «C’était très difficile mais j’ai eu ma licence de droit public avec mention assez bien».

Une soif d’apprentissage inextinguible

De longue date, Feliana Citradewi ambitionne d’intégrer Sciences Po. Naturellement, cette travailleuse acharnée s’inscrit en double-cursus à Grenoble : à la fois en Master Droit International et Européen et à Sciences Po, en Master Sciences de Gouvernement Comparées. Dans le cadre de ce dernier diplôme, elle effectue un stage d’été au sein de Fitch Ratings. Elle y assume des responsabilités d’analyste juridique au sein du département Souverains et Supranationaux. «Durant ce stage,  j’ai pu contribuer à deux études très importantes. Mon rapport a été pris en compte pour leur notation. Ils l’ont d’ailleurs publié après adaptation.» A cette époque, l’agence de notation financière internationale dégrade la note de la France à «AA». Malicieuse, la jeune femme sourit et assure n’avoir joué aucun rôle dans cette décision.

A l’issue de ce stage, elle souhaite laisser ses études derrière elle et commencer à travailler. «C’était très difficile, confesse-t-elle. Je ne faisais qu’étudier et n’avais pas de vie personnelle. Je parlais relativement bien le français mais j’avais encore des progrès à faire» Sur conseil de ses parents néanmoins, elle passe le concours de l’ENA qu’elle obtient, puis enchaîne les stages, d’abord à l’OCDE, puis à la préfecture des Ardennes. De retour en Indonésie pour les vacances, ses proches l’informent que parmi les universités et écoles françaises, seule la prestigieuse Sorbonne y est reconnue. Volontaire, Feliana Citradewi décide alors d’ajouter une nouvelle corde à son arc en s’inscrivant en Master de Communication Politique au CELSA. Elle y signera son dernier stage chez L’Oréal. «Je voulais avoir une expérience dans le secteur privé. L’Oréal avait une branche corporate et le conseiller communication direct de Jean-Paul Agon, alors PDG du groupe, pouvait être intéressé par mon profil. Il m’a fait passer un entretien. Puis ils ont créé un poste pour moi».

groupement de commandes en ligne @clesdudigitalExplorer de nouveaux domaines

Embauchée en CDD, la désormais énarque est chargée de préparer des notes de synthèse sur cinq thématiques dont la mondialisation, le futur de l’économie et la « beauté sociale », en vue des interviews de Jean-Paul Agon par les journalistes. Elle glisse : «Tous les livres destinés à Jean-Paul Agon atterrissaient sur mon bureau pour que je puisse les lire.» Avant d’ajouter : «Nous avons aussi créé un film de beauté sociale projeté pour tous les investisseurs de L’Oréal. Notre vidéo expliquait notamment aux plus âgées comment les plus jeunes se comportent avec les réseaux sociaux».

S’ensuit une expérience de près de deux ans au sein d’Uno & Company, un cabinet de conseil en management et en organisation auprès des établissements financiers, où elle gravira progressivement les échelons jusqu’à atteindre le poste de business manager. Feliana Citradewi s’épanouit au sein de ce nouvel emploi. «Je touchais à tout. Ce qui m’anime et me guide, c’est explorer un domaine que je ne connais pas.»

Mais l’entreprise fait face à des problèmes d’organisation et l’ambiance se dégrade à cause de conflits d’intérêts. «Tout le travail que j’ai fait a été gâché. C’était vraiment mal géré», se souvient Feliana Citradewi. De là naît son envie d’entreprendre. Achetant régulièrement en ligne par manque de temps, elle est toutefois freinée par les frais de livraison. «Pour un T-Shirt à 20 euros, il faut parfois débourser 5 euros de livraison, soit 25% du prix de l’article.» Un surcoût qui la pousse, comme beaucoup de consommateurs, à rajouter des produits dont elle n’a pas forcément l’utilité. Un cercle vicieux qui va la conduire à chercher une solution. «Pendant le confinement, j’ai vu des tonnes de cartons et de plastiques de livraisons jetés. Ce sont mes voisins qui achètent régulièrement les mêmes marques que moi au même moment. Ils payent aussi potentiellement la livraison et nous polluons la planète tous ensemble. J’ai donc cherché s’il existait un service de regroupement de livraisons, sans en trouver.»

Dès lors, l’entrepreneuse réfléchit à un système de livraison collective en vue de dépasser le montant minimum d’achat, et ainsi bénéficier de la gratuité des frais de port. Déterminée à mener son projet à bien, elle tâte le terrain au sein de son entourage, fait des recherches, réalise des benchmarks et constate que 60% des paniers e-commerce sont abandonnés à cause des frais de livraison. Elle dessine les contours d’un business modèle et donne alors naissance à LiVert, un service de groupement de commandes en ligne. Rapidement, les géants du e-commerce à l’instar d’Amazon et Shein répondent favorablement à l’entrepreneuse.

groupement de commandes en ligne @clesdudigitalCe “Blablacar de colis” comme elle le surnomme, fonctionne par le biais d’une application mobile. L’utilisateur doit d’abord répondre à deux questions : où il veut acheter et dans quelle quantité. L’algorithme recherche ensuite des personnes à proximité désireuses de commander sur le même site. Jusqu’à trois “matchs” sont proposés. Puis un chat permet aux acheteurs de rentrer en contact. Le “lead”, soit la personne qui va acheter sur le site, et le “meet”, soit la personne co-livrée, bénéficient tous deux d’une garantie de sécurisation de paiement via l’application. Le “meet” paye sa partie sur LiVert, qui apparaît ensuite sur le portefeuille digital du “lead”. Comme pour Blablacar, le paiement ne peut être débloqué qu’après l’échange d’un code entre les deux clients. Le “lead” est alors en mesure de transférer les fonds sur son compte bancaire, ou de réutiliser cet argent pour un prochain achat via l’application.

Le marché américain en ligne de mire

Dorénavant, la fondatrice de LiVert travaille sur une troisième version de l’application. Un plug-in destiné à s’intégrer directement sur les sites e-commerce fera son apparition. «C’est notre objectif ultime, d’ici un an ou deux», souffle-t-elle. Objectif ultime, ou presque. L’entrepreneuse ambitionne en effet de conquérir le marché américain où l’adoption de cette solution de livraison collaborative serait à ses yeux «beaucoup plus rapide». Ambition aussi de faire entrer LiVert dans le Web3, avec également la création de son propre NFT. Feliana Citradewi aimerait par ailleurs que sa start-up finance des causes importantes à l’instar de la crise de l’eau potable. Et de conclure : “Ce sont des choses qui me tiennent vraiment à cœur, en particulier dans mon pays mais aussi partout dans le monde. Nous sommes tous concernés par le changement climatique. Mais il y a encore peu de solutions en matière de livraison qui soient à la fois économiques et écologiques».

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